Suite au scandale du retrait de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) en 2019, la présidence de la République camerounaise ne cesse d’enquêter afin d’établir les responsabilités dans ce qui est un cuisant revers pour le pays. Celui qui semble au cœur du système ayant conduit à ce fiasco est Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire générale de la Présidence de la République.
L’annonce faite par la CAF (Confédération Africaine du Football) suite à sa réunion le 30 novembre à Accra au Ghana, de retirer l’organisation de l’évènement sportif continental, est vécue comme une défaite humiliante par les autorités du pays, mais également par tout le peuple camerounais. L’heure des explications a commencé, et face à l’incompréhension, des enquêtes sont en train de se mettre en place.
Ferdinand Ngoh Ngoh: la pièce centrale d’un système de corruption?
Celui qui semble focaliser toutes les attentions n’est autre que le secrétaire générale de la Présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngo. Il n’est évidemment pas le seul à voir les soupçons se porter. Il est accompagné par certains ministres et des secrétaires généraux de la République, et les accusations que certains portent à leur encontre sont d’une gravité importante, et si confirmées lors d’un procès, leurs responsabilités seraient alors écrasantes dans le retrait de la CAN 2019.
Depuis samedi matin dernier, M. Ngoh Ngoh s’est vu interdire l’accès à la Présidence de la République, sur ordre direct du Président Paul Biya lui-même.
Ce dont il est soupçonné est d’avoir voulu profiter de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun pour détourner des fonds et faire un profit illégal substantiel.
Dans quelle mesure Ferdinand Ngoh Ngoh pouvait être impliqué dans l’échec de la CAN au Cameroun? Il a été l’objet de nombreuses accusations régulières qui estimaient que le secrétaire général ralentissait volontairement le déblocage des montants qui étaient alloués au financement de la construction des stades. De plus, certains estiment qu’il aurait joué le rôle de “parrain” de l’une des sociétés en charge de la mise en conformité de l’un des stades.
Un système généralisé?
Cependant, le Président Paul Biya ne souhaite pas se focaliser uniquement sur le nom de Ngoh Ngoh, et souhaite établir l’ensemble des responsabilités. La liste pourrait comporter de nombreux noms, dont certains ministres et secrétaires généraux qui sont impliqués depuis le début dans la mise en œuvre de l’évènement sportif et de ses infrastructures.
Il est certain que de nombreux responsables sont en train de suer à grosses gouttes. Sachant cela, les autorités sur demande de Biya, auraient bloqué les sorties du pays, en particulier aéroportuaires, afin d’éviter des fuites de ceux qui se savent menacés par l’opération anti-corruption qui se met en place.
Néanmoins, si les retards constatés par la CAF ont été un élément dans leur processus de décision, les observateurs estiment que ce n’est sans doute pas le seul, et que la situation sécuritaire dans l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest aurait également était un facteur.
La CAF semble vouloir apaiser la situation en proposant l’organisation de la CAN 2021 au Cameroun.
Peter Mkomba