L'équipe nationale de football féminin du Cameroun n'a droit à aucune égard de l'administration et pourtant nous sommes rendu à quelques jours du coup d'envoi de la compétition. Elles sont abandonnées à elles mêmes.
Contrairement à ce que dit adage populaire, avec les lionnes indomptables du Cameroun, les compétitions se suivent et se ressemblent toutes. Chaque année, à la veille de chaque grande compétition, c'est la même image, le même théâtre servi par les autorités du sport camerounais. Et à chaque fois, c'est la même victime, les lionnes du football. Une fois de plus, une fois de trop, les ambassadrices de la balle ronde n'ont pas reçu tous les moyens prévus pour leur préparation en vue de la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations de football féminin qui se jouera au Ghana dès ce mois de novembre. Les vice championnes de la compétition sont fortement attendues mais cela ne semble pas émouvoir les responsables du ministère des sports et de l'éducation physique du Cameroun.
Ngo Beleck et ses amies viennent d'apprendre qu'elles n'auront pas droit à leur stage d'acclimatation d'avant compétition pourtant prévu dans le calendrier de préparation. Elles devraient être du côté de la Côte d'Ivoire depuis quelques jours déjà. Mais faute de moyens financiers, elles sont contraintes malgré elles de poursuivre leur stage de préparation à Okoa Maria. Or il était déjà convenu des matchs amicaux avec des sparings partners sérieux du côté d'Abidjan. Malheureusement, elles vont devoir se contenter des clubs de troisième zone évoluant dans un championnat camerounais non compétitif. Des équipes qui n'ont aucune comparaison ni technique, ni tactique avec celles que les camerounaises devront affronter à Accra.
Depuis la cinglante défaite face aux française en début octobre, on n'a plus vu les lionnes du Cameroun sur aucun terrain. Or sachant combien cette virée avait été désastreuse, on se serait naturellement attendu à ce que les pouvoirs publics mettent le paquet pour que Nchout Ajara et ses camarades soient dans de meilleures conditions de travail. Il n'en n'est rien. Pire ! Elles sont livrées à leur propre sort. Sans les commodités nécessaires pour l'entraînement. Et pourtant au même moment les adversaires des lionnes se préparent.
La 11e CAN de football féminin est déjà là. Que peut on espérer de la prestation de ces joueuses considérant ces conditions de préparations ? Certainement la même que les précédentes fois dans les mêmes conditions.
Comme d'habitude le Cameroun espère récolter où il n'a pas semé. L'on convoquera comme à son habitude, le "fighting spirit" pour obtenir des performances acceptables. Et si par inadvertance elles arrivaient à faire bonne prestation, les politiques s'empresseront de confisquer ces prouesses. Or voici le moment opportun pour les semailles. Il faut délier les cordons de la bourse.
Les lionnes célébrées en 2016 sont presque les mêmes aujourd'hui. Mais ceux qui se réjouissaient hier de leurs victoires ont tôt fait de mettre aux oubliettes les joies et les promesses d'hier. Les vieux démons de l'impréparation, de l'improvisation, de l'amateurisme ont regagné la tanière des lionnes. Aucune leçon n'a été tirée des précédents ratés. Tout en espérant qu'il y ait pas de crise de patriotisme d'ici là, nous invitons les responsables concernés à débloquer les fonds nécessaires pour permettre aux lionnes de représenter le vert-rouge-jaune à ce grand rendez-vous du football.
Stéphane Nzesseu