Le phénomène s’immisce brutalement dans la capitale économique du Cameroun. Des jeunes enfants armés de machettes et de gourdins qui agressent, volent et pillent. Qui sont-ils ?
Difficile de poser une identité précise sur les jeunes qui se recrutent au milieu des « microbes » de Douala. Si en Côte d’Ivoire ils sont nés de la crise post-électorale de 2010, du fait de la guerre civile qui en a découlé, au Cameroun, il n’y a peut-être pas de guerre civile ouverte, mais la violence sociale est tellement forte que les familles sont toutes aussi exsangues. Ce sont des enfants entre 15 ans et 25 – 28 ans.
Une première vague des enfants « microbes » sont des enfants de la rue. Ils ont quitté leurs parents, leurs familles pour élire domicile dans les taudis abandonnés ou dans les vieux véhicules qui jonchent les rues de la ville. Une autre vague, ce sont des enfants qui vivent dans les maisons avec leurs parents, mais qui subissent des influences négatives de leurs amis, compagnons ou camarades. Il peut s’agir de ses camarades de classe ou encore des personnes qu’il fréquente dans les quartiers. On remarque également qu’au milieu de cette vague, il y a d’anciens prisonniers. Des enfants qui a un moment ou à un autre ont fait un séjour dans les cellules ou à la prison de New Bell. A côté, il faut reconnaître qu’il y en a qui sont d’autres jeunes enfants qui ont subi une injustice et ils souhaitent se venger en commettant le mal.
Quel que soit les provenances de ces jeunes malfaiteurs, les dénominateurs communs restent la pauvreté dans laquelle vivent leurs familles et eux-mêmes avec, la frustration de ne pas avoir accès au nécessaire pour survivre, la consommation de la drogue et l’extrême violence qui s’observe de plus en plus dans la société. Ces enfants sont des victimes d’un environnement économique et social qui ne fait pas cas d’eux. De plus, l’une des particularités des microbes de Douala, c’est que leur émergence est aussi la preuve de la défaillance du système de sécurité dans nos villes et même la défaillance de la justice. Puisqu’il faut le dire, le phénomène puise l’essentiel de son prétexte dans les réactions d’auto justice ou de justice populaire observé dans nos cités.
Très souvent, il arrive qu’un ressortissant d’un quartier ou alors un membre appartenant à un groupe ait été éliminé au cours d’une opération policière ou de justice populaire, c’est alors que ces jeunes enfants prennent gourdins et machettes dans le but de rendre justice à l’un des leurs. Face à tout ça, les parents de ces enfants (pour ceux qui en ont encore) semblent impuissants. Ils n’ont pas d’armes face à cette mauvaise émancipation de leurs enfants. Et dire que même l’Etat leur a tourné le dos. Tel que la situation se présente, c’est un phénomène qui ne fait que commencer. A moins que le gouvernement ne prenne rapidement le taureau par les cornes.
Stéphane NZESSEU