Ils sont de plus en plus présents dans les rues de la capitale économique. Chasubles oranges, ils traquent les automobilistes susceptibles d’être intimidés, question de leur extorquer quelques sous. Des braqueurs d’un autre genre.
Quelques mètres avant le lieu-dit Mobil Guinness, juste après Ange Raphaël, un groupe de jeunes camerounais est posté de part et d’autres de la voie publique. Sur les abords de la chaussée, des véhicules de particuliers sont garés. C’est alors que notre véhicule est aussi interpellé par un des agents chargés de la prévention routière.
Le conducteur de notre véhicule va se garer sur le côté de la route. Puis l’agent qui venait de nous interpeller va se rapprocher du véhicule. Il se présente « je suis Ambana Bekono Pierre, je suis agent de la prévention routière du ministère des transports ». Pour appuyer cette présentation, il présente un badge de manière furtive.
Tout de suite, il demande le dossier du véhicule et le permis de conduire du conducteur. Il consulte longuement et attentivement les pièces. C’est complet, rien à redire. On peut alors lire un air de désarroi sur le visage du contrôleur. Comme dans un sursaut, il demande à consulter la malle arrière du véhicule. Ce que le chauffeur va faire aisément.
Une fois à l’arrière du véhicule, Mr Bekono va demander à voir l’extincteur, la boîte à pharmacie, le cric du véhicule et d’autres pièces du genre. Le conducteur va progressivement lui présenter toutes les pièces. Visiblement tout est au complet. Comme cela ne suffit pas, le contrôleur décide d’ouvrir la boîte à pharmacie. Et constate qu’il y manque l’alcool et la boîte de Bétadine est périmée.
Ce dernier décide donc de s’accrocher sur ces deux éléments pour dire que nous sommes en infraction et qu’il va devoir nous coller une contravention. A moins que nous soyons d’accord « pour négocier ». Un des occupants du véhicule lui dit, « eh bien puisque vous êtes de la prévention routière, nous croyons que vous venez de nous prévenir de l’importance du remplacement de notre boîte de Bétadine. » Celui-ci de répondre « l’heure n’est pas à la sensibilisation, on l’a fait depuis très longtemps. Maintenant c’est la répression. »
A la question de savoir s’ils ont le droit en tant qu’agents civils du ministère des transports de coller une contravention à un citoyen, puisqu’il n’y avait aucun « homme en tenue » avec eux, notre contrôleur confus, veut jouer à l’intimidation. « Si vous ne voulez pas le monsieur là-bas va vous dresser une contravention et nous allons retenir votre carte grise, et c’est au trésor que vous viendrez chercher ça ». Les discussions s’enflammèrent.
Pour une boîte de Bétadine, des personnalités sont retenues par la prévention routière. Le conducteur voulant mettre fin à la grogne a sorti de sa poche un billet de 500 FCFA qu’il lui a tendu. Et notre contrôleur, avec un air de dédain l’a pris, a remis les pièces du véhicule et nous a libéré.
Donc toute cette affaire ce n’était que pour un billet de 500 FCFA.
Stéphane NZESSEU