L’information est passée inaperçue dans le flot du discours prononcé par le président du mouvement pour la renaissance du Cameroun lundi dernier devant la presse. Qui en voudrait à la vie du leader de l’opposition camerounaise à l’issue de la dernière présidentielle ?
« Des informations dignes de foi font état d’un projet d’élimination physique de moi et de deux leaders alliés et de certains cadres du MRC. Le MRC tout en prenant à témoin l’opinion publique de ces menaces, tiens à dire aux extrémistes du régime qui sont aussi bien des politiques que des membres de sécurité, que ces menaces n’ont aucun impact sur notre détermination. »
C’est dans ce fragment du discours du patron du directoire du MRC qu’est contenue l’accusation grave de tentative d’élimination physique du Maurice KAMTO et certains de ses militants. Face à cette accusation dont la gravité n’est plus à démontrer, il est important de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer comme il le dit l’attention de l’opinion publique nationale et internationale pour qu’une pareille chose n’arrive pas.
Peut-on vraiment en arriver là ?
Il est vrai que cela est inédit dans l’environnement politique camerounais, qu’un adversaire de premier plan soit physiquement éliminé par des méthodes barbares. Mais de même sue cela ne s’est jamais produit, il faut aussi reconnaître qu’on n’est jamais arrivé à ce niveau de diffusion de la haine entre les populations sur la scène politique camerounaise. Depuis quelques mois, l’escalade du tribalisme et des exclusions sociales a atteint un niveau inquiétant. Des scènes du genre, Obala, Sangmelima puis Ebolowa, sont suffisamment tristes pour souligner le niveau d’animosité dont peuvent faire preuve les populations entre elles.
Plus encore, la violence est de plus en plus palpable sur le champ politique. Hors mis la violence verbale, il y a une violence physique perpétrée par des militants sur leurs frères du village du fait de leur appartenance à d’autres mouvements politiques. Pour preuve, nous rappelons l’assassinat d’un militant du parti Univers (sympathisant du Candidat Cabral Libii) lors de la présidentielle. Et il y a encore quelques jours, des militants du CRN ont été violemment attaqué par des militants du RDPC. Cette violence s’observe aussi au travers de l’acharnement et de la brutalité que mettent en œuvre certains gendarmes et policiers quand il s’agit d’interpeller des marcheurs du MRC.
Maintenant de là à porter atteinte à la vie du leader du MRC, il faut nécessairement chercher un cran plus haut. Il faudra fouiller parmi ceux des politiques qui ont sorti les longs couteaux pour préparer la succession de Paul Biya et qui voient en Kamto un adversaire sérieux.
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Stéphane NZESSEU