Dans son discours à la jeunesse le 10 février dernier, le Président Paul Biya invitait les jeunes à se réapproprier cette valeur sociale indispensable qu’est le respect des aînés. Le Chef de l’Etat constate pour le déplorer, la crise de cette bonne conduite chez les jeunes avec un impact négatif sur la marche de notre société.
Dans nos sociétés, les bonnes valeurs morales d’en temps ont presque disparu. C’est le cas du respect des aînés qui est en crise chez nos jeunes. Une lecture que fait le sociologue, Dr Serges André Batikalak qui s’est confié à nos confrères de la station régionale Crtv du Nord. « La crise du respect des aînés est une réalité indéniable. De plus en plus, on voit une rupture générationnelle entre les jeunes et les vieux. On sent une sorte de conflit intergénérationnel à travers une accusation mutuelle. Ce climat conflictuel intergénérationnel développe effectivement des attitudes qui font que chaque catégorie sociale fait tout pour se mettre en exergue pour s’affirmer. De plus en plus, on va voir une indifférence manifeste des jeunes envers les aînés », confie-t-il.
Un doigt accusateur est pointé en premier sur la cellule familiale qui ne joue presque plus son rôle de formateur à la base. A côté, la communauté éducative a également sa part de responsabilité pour une bonne formation morale des jeunes. « Il s’agit de voir la faute au niveau de la crise du lien social dans l’éducation dans la mesure où l’enfant n’est plus éduqué par une seule entité ou alors la famille qui, hier était le socle de diffusion d’un certain nombre de valeurs n’est plus le seul agent éducatif. Le travail qu’il faut faire, c’est de renforcer la socialisation à travers par exemple la famille qui est le premier agent qui accueille l’enfant dès qu’il vient au monde. La faute, elle est transversale à toutes les structures sociales », ajoute le sociologue.
Dans ce contexte, le rôle des acteurs sociaux aux rangs desquels les leaders religieux, est plus que jamais souhaité. C’est à juste titre qu’indique l’abbé Maurice Yaya Sardé, recteur de la Cathédrale Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de Garoua dans le Nord-Cameroun, « Nous avons pour rôle de conscientiser non seulement les jeunes, mais aussi les parents à avoir des bons comportements. Nous avons ce qu’on appelle le mouvement des jeunes, la pastorale des jeunes, la pastorale des enfants cup monde où on réunit les enfants pour leurs inculquer les valeurs chrétiennes qui accordent une place de choix au respect des aînés ».
Pour les Chrétiens, le respect des aînés est une valeur qui tire sa source des saintes écritures. « L’éducation sort du cœur de l’Eglise. C’est la mission essentielle que s’est fixé l’Eglise. Si l’Eglise n’éduque plus, c’est qu’elle a raté sa mission », souligne l’abbé Maurice Yaya Sardé.
Une valeur morale et sociale que préserve jalousement l’Islam. « La sensibilisation dans les lieux de culte. Le plus important, c’est que l’aîné soit respecté parce que c’est lui qui guide », explique Ibrahima Dodo, Imam de la mosquée centrale du Plateau à Garoua.
Des efforts de sensibilisation de la jeunesse aux bonnes mœurs qui se butent parfois à plusieurs difficultés. Selon l’imam Ibrahima Dodo, « Ces enfants, ils ont de la confusion entre les droits de l’enfant et le respect de l’aîné, or on n’a jamais vu une personne perdre sa valeur parce qu’elle a respecté l’aîné », martèle-t-il.
C’est donc une synergie d’actions qui doit être envisagée pour un retour au respect des aînés par la jeunesse tel que recommandé par le Chef de l’Etat dans son discours du 10 février dernier.
Innocent D H