Une plus grande autonomie dans la gestion des affaires locales, c’est la trame de fond de ce que désiraient une bonne frange de la population camerounaise vivant dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. La régionalisation vient apportée une bouffée d’air fraiche.
Répondant aux questions de nos confrères de Sputnik, le Cardinal Christian TUMI donne son avis sur la mise en place nouvelle des régions et depuis hier de ses premiers bureaux exécutifs. A la question de savoir si cette nouvelle institution va véritablement participer à la pacification des régions actuellement en crise, le prélat répond : « Nous avons déjà eu l’expérience du fédéralisme pendant onze ans, entre 1961 et 1972. Et cela a marché. C’est la période la plus pacifique que notre pays ait jamais connue depuis la réunification. À l’aune de cette expérience-là, ce que le Président Paul Biya vient de faire [l’accélération du processus de décentralisation, ndlr], c’est un début de solution.
Cette décentralisation peut être une solution si les régions ont tout le pouvoir nécessaire pour gérer les affaires à la base. Cependant, il n’y a aucun système qui marche de lui-même, c’est l’homme qui est au cœur du système et doit le faire fonctionner. Seulement si je suis pour le fédéralisme, je suis contre ceux qui luttent à tout prix pour créer un autre État. »
D’abord, la nostalgie des années de gloire sous le fédéralisme, et ensuite une volonté marquée de voir les choses évoluer malgré le système administratif nouvellement mis en place.
Le Cardinal Christian TUMI souligne ici un point fondamental, le partage réel des pouvoirs entre les région et l’Etat central. En réalité, un système administratif décentralisé devrait donner plus de présence et de puissance aux institutions issues de la décentralisation. Et mettre de fait en retrait les organes de la déconcentration et les acteurs qui les incarnent. De ce fait, on espère que d’un point de vue pratique, la répartition des rôles entre le Gouverneur et le Président de la Région seront de nature à accorder une préséance au Président de Région. Non seulement une préséance protocolaire, mais aussi une préséance administrative, une prééminence concrète. De sorte que les populations sachent qui est vraiment celui qui trance en dernier ressort au niveau de la région. Les conflits et contentieux entre les hommes sont certainement les faits divers que la presse relayera dès les premiers jours de 2021.
Stéphane NZESSEU