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Migration clandestine et ses conséquences : Marthe Ndeh est morte ce lundi 06 janvier

mardi, 07 janvier 2020 13:19 Nicole Ricci Minyem

Victime d’abus sexuel à Dubaï et autres atrocités, la jeune dame avait été sauvée et avait pu regagner le Cameroun. Malheureusement, traumatisée par les sévices subis, elle n’aura pas survécu. 

 

Retour sur le pathétique témoignage qu’elle avait fait, auprès de nos confrères de la télévision nationale il y’a quelques mois, afin d’attirer l’attention de ceux et celles qui sont tentés par l’aventure et la recherche d’un eldorado

« Tout a commencé lorsque quelqu'un m’a remis le contact d’un monsieur qui est à Dubaï, un arabe. J’ai fait mes papiers, j’ai payé tout ce qu’il fallait pour voyager. Chose que j’ai pu faire et arrivée sur place, cet homme est venu me prendre et, c’est à ce moment après m’avoir saluée qu’il a pris mon passeport.  

Avant cela, j’ai causé pendant plus d’un mois avec cet arabe. Et, il m’a fait miroiter des choses qui, malheureusement se sont avérées fausses. J’étais certes au courant des campagnes de sensibilisation qui sont menées ici, mais, je dois avouer qu’au fil de nos échanges, il m’a convaincue et a réussi à faire taire toute suspicion en moi.

Le premier jour, il m’incite à appeler les membres de ma famille, afin de leur dire que je suis bien arrivée et quelques heures plus tard, il a complètement changé, c’était autre chose. Il faut dire que je n’ai pas pu trouver un emploi ici au Cameroun, je n’avais pas de travail, j’ai eu le Baccalauréat anglophone. Par ailleurs, j’ai fait l’hôtellerie et ce sont les nombreuses années passées à chercher un emploi qui m’ont poussée à saisir cette occasion, lorsqu'elle s’est présentée.

Lorsque j’ai été contactée, l’homme m’avait fait comprendre que je serais la secrétaire personnelle de ce monsieur, de l’arabe. C’est ce que j’ai commencé à faire. Par contre, je me suis rendue compte en ouvrant ses mails que c’est quelqu'un qui essayait par tous les moyens de convaincre les filles de venir travailler pour lui, en leur cachant qu’il est proxénète. En fait, il vendait les filles dans les maisons comme prostituée, comme des esclaves.

Moi par exemple, je n’avais que deux heures de repos par jour et entre temps, je devais me plier à toutes ses exigences, même sexuelles. Il lui est arrivé de me battre avec des ceintures plusieurs fois.

Je dois reconnaître ici que j’ai été obligée de convaincre les filles, de leur faire croire qu’il s’agissait d’un travail décent et, lorsqu'elles arrivaient, j’étais enfermée dans une chambre. Je n’ai jamais su où on amenait les filles qui arrivaient et, même quand je reprenais mon rôle, je n’avais pas le droit d’ouvrir la bouche, de tenter quoi que ce soit. Je me devais de faire uniquement ce qui m’était dictée. En cas de refus, c’est la bastonnade et, il est arrivé que cet arabe coupe la main de ceux qui étaient récalcitrants. Alors que je n’avais qu’une seule envie, rentrer dans mon pays, malgré le chômage que j’ai connu.  

En dehors du secrétariat que je faisais, il m’a obligé à dormir sur le sol, à côté de son lit. Cet homme avait une toux chronique et, il versait ses crachats dans un plastique que j’étais obligée de changer, de jour comme de nuit.

J’ai fait des fellations à cet arabe type et, il me violait en me pénétrant partout. Il m’a aussi obligée à manger ses excréments à plusieurs reprises. Je n’en pouvais plus.

Lire aussi : Migration clandestine : Le témoignage pathétique d’une camerounaise retenue en otage

Lorsque j’ai fui de cette maison, je me suis retrouvée en prison et, j’ai rencontré d’autres filles. Elles avaient parfois des blessures sur tout le corps, certaines étaient enceintes, sans savoir qui est le géniteur parce que ce sont les hommes de toute une famille, y compris des amis de cette famille qui abusaient d’elles.  

C’est par la Grâce de Dieu que j’ai pu m’enfuir. Lorsque j’ai été conduite en prison, je dois vous dire que la prison était mille fois mieux que ce que j’avais connu à mon arrivée à Dubaï.  

C’est vrai qu’entre temps, j’ai perdu mon papa. Malade, il n’avait pas pu donner l’argent que certains lui demandaient pour me faire revenir, en plus du fait que mon passeport était resté chez l’arabe qui abusait sexuellement de moi.   

Lorsque le Président de la République a envoyé l’avion pour nous prendre, les autres camerounais et moi, je me suis battue pour revenir. C’est un pasteur qui m’a fait partir à Dubaï. Depuis que je suis revenue, j’ai essayé d’entrer en contact avec lui mais, le numéro ne passe plus, il a déménagé mais, je ne sais plus là où il est. Et, c’est un autre élément qui m’a convaincue d’entreprendre ce voyage. Un pasteur, un homme de Dieu est quelqu’un qui suscite confiance, qui est comme une caution morale, malheureusement, j’ai été piégée.   

J’ai passé trois mois dans un enfer indescriptible et, il y’a des choses qu’il n’est pas évident pour moi de dire ici mais, c’est l’occasion pour moi, d’appeler les filles et même les garçons. Si vous avez l’opportunité de fréquenter, faites le en restant ici au Cameroun. Ils vont vous montrer de belles photos, de belles images, vous promettre de bons salaires et, vous vous direz que c’est l’occasion pour vous de venir en aide à votre famille mais, tout cela n’est que mirage.

Comme l’arabe ne parlait ni ne comprenait français, j’ai quelquefois pu envoyer des messages aux filles, pour les décourager de venir. Certaines m’ont écouté et d’autres pas. Il faut rester au pays, ces arabes sont des menteurs. Ils profitent parfois des situations de précarité que nous vivons pour nous promettre des choses qui n’existent nullement. C’est un cri de cœur que je lance, à l’endroit de tous ceux et celles qui veulent y aller et, c’est aussi pour cela que j’ai témoigné à visage découvert… ».

 

Nicole Ricci Minyem 

 

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