Réagissant à la suite des derniers remous sur la scène musicale camerounaise, en rapport avec des éclaboussements entre les artistes étrangers et les locaux, Martin Camus dispense aux jeunes de la musique urbaine camerounaise, un conseil de sagesse.
« Je suis amusé par les agitations que je vois sur Facebook depuis quelques jours. Amusé parceque les gens décident de commencer la guerre, lorsqu'elle est terminée. Je veux surtout parler à mes jeunes frères de la musique urbaine. Tant que vous allez esquiver les vrais combats, il ne faudra que vos larmes pour exister...
Les artistes camerounais se suicident du fait de leurs mauvais choix
J'avais écrit ici, qu'il faut réguler la diffusion de la musique sur le satellite comme ça se fait ailleurs, pour accroître votre présence et votre visibilité. Certains d'entre vous qui veulent plaire pour passer à Trace, ont estimé que j'exagérais. Mais dites-moi. Si Trace et autres sont la condition de votre survie artistique, sur le même Trace, les Vegedream, Dadju, Gims et autres Tay-C sont plus diffusés que vous. C'est-à-dire que même vos copines et vos enfants, connaissent plus leurs chansons que les vôtres. C'est un suicide que vous avez validé depuis...et ce n'est pas quand ces gars doivent débarquer ici que vous pensez que les choses seront différentes.
Ensuite, plusieurs d'entre vous ont signé dans les Majors avec les mêmes artistes. Votre combat au moment de la signature, doit être d'exiger d'être traité comme eux. Vous n'allez pas accepter raser les murs là-bas, et faire des revendications lorsque les gens font leur business. C'est le deuxième suicide...
« J’ai vu les cachets de Charlotte Dipanda évalués à plusieurs millions ici … »
Enfin, le débat ne doit pas être sur la présence des artistes dans votre pays. Le vrai débat est de dire clairement ceux qui travaillent comme eux ici et qu'on refuse d'accompagner. Sans trahir un secret j'ai vu des cachets de Charlotte Dipanda évalués à plusieurs dizaines de millions ici. Le problème n'est donc pas la présence des autres, mais votre organisation. Mais quand on a accepté la guillotine comme je le dis plus haut, il est difficile de recoller les morceaux coupés. C'est exactement le même débat que sur les entraîneurs des Lions Indomptables.
Mon problème n'a jamais été de dire qu'il faut un camerounais. La compétence n'a pas de race et de nationalité. Mais de démontrer qu'il y a des camerounais plus compétents ou à compétences égales par rapport à ceux qu'on fait venir ici, et qu'ils ont un meilleur projet. Voilà ce que le monde est devenu. Vendre ses compétences partout et sans complexe. »
Transcrit par Stéphane NZESSEU