C’est ce que révèle un rapport publié par Amnesty International sur l’ampleur des destructions récentes causées par la crise qui secoue les régions anglophones du Cameroun depuis bientôt cinq ans.
Depuis la fin de 2016, une crise initialement basée sur des revendications corporatistes des avocats et enseignants qui ont progressivement basculé vers des revendications sécessionnistes fortes en raison des réponses jugées insuffisantes du gouvernement camerounais met à mal la situation sécuritaire des régions anglophones.
Raids, kidnapping, affrontements violents entre divers groupes armés et forces armées camerounaises et bien d’autres sont devenus le pain quotidien des populations de cette partie du pays.
Dans un rapport publié le 28 juillet 2021 avec témoignages et images satellite révélant l’ampleur des destructions causées par cette crise, Amnesty International indique que L'arrondissement de Nwa, dans le Donga-Mantung, situé le long de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, est particulièrement touché par les récentes violences.
Selon l’enquête de l’organisation non gouvernementale internationale : «entre le 22 et le 26 février 2021, au moins 4 200 personnes ont été déplacées de sept villages de Nwa, à la suite d’attaques menées par des comités de vigilance fulanis, qui ont coûté la vie à au moins huit personnes… »
L’ONG poursuit dans son rapport que : «les images satellite analysées montrent qu’au moins quatre villages ont été détruits ou incendiés à Nwa en février 2021. On ignore si les comités de vigilance fulanis ont attaqué les villages ou si ces destructions sont dues aux affrontements avec les groupes armés séparatistes, mais les images laissent supposer que les destructions sont plutôt récentes.
Bien que Amnesty International reconnait l’implication de Fulanis dans la violence qui sévit dans les régions anglophones, le rapport publié par l’ONG souligne qu’ils sont également la cible des groupes séparatistes en ce que depuis 2017 et dans les sept départements de la région du Nord-Ouest:
- 162 Mbororos ont été tués
- Environ 300 habitations ont été incendiées
- 2 500 têtes de bétail ont été tuées ou capturées
- 102 personnes ont été enlevées, donnant lieu au versement de presque 270 000 euros de rançon
L’ONG regrette que ce climat d’insécurité perdure dans les deux régions anglophones avec une intervention limitée du gouvernement camerounais et la communauté internationale qui n’évoque quasiment pas le sujet.
Elle suggère donc à la communauté internationale : « d'engager publiquement les autorités camerounaises à diligenter sans délai des investigations approfondies, indépendantes et impartiales sur les allégations de violations des droits humains et, s’il existe des preuves recevables suffisantes, à intenter des poursuites contre les responsables présumés de ces agissements dans le cadre de procès équitables, devant des juridictions civiles ordinaires, sans recourir à la peine de mort. Enfin, la communauté internationale doit veiller à ce que l’aide humanitaire destinée à répondre aux besoins des personnes touchées par les violences, notamment les réfugiées et les personnes déplacées, dispose des fonds nécessaires. »
Stevy K.