Dans la course au précieux sésame que peut constituer la pièce de passeport pour nombre de camerounais, il s’est créé un nouveau jargon, « passeport express ». Et pourtant il n’existe aucune pièce ainsi nommée.
Au Cameroun, il existe trois types de passeports : Le passeport ordinaire, le passeport diplomatique, le passeport de service, selon le décret nro 2013/002 du 04 janvier 2013, fixant les conditions d’établissement des passeports. Le passeport ordinaire est délivré soit par le délégué général à la Sûreté nationale (DGSN), soit par les chefs de missions diplomatiques ou consulaires à l'étranger. Le passeport diplomatique est délivré par le ministre des Relations extérieures ou les chefs de missions diplomatiques ou consulaires. Le passeport de service est exclusivement délivré par le DGSN.
Tout le monde peut obtenir un passeport ordinaire sous réserve de présentation de pièce nécessaire lors de la demande de passeport. Il n'existe « aucune restriction » qui s'applique à l'obtention du passeport ordinaire mais que l'octroi du passeport diplomatique et du passeport de service est régi par des dispositions particulières. Et ces deux derniers passeports cités sont les seuls qui soient gratuits, le passeport ordinaire est soumis au paiement d’un timbre de 75.000 fcfa. Et les pièces à fournir sont connues. Il s’agit :
- Une photocopie certifiée conforme de l'acte de naissance;
- Une photocopie certifiée conforme de la carte nationale d'identité;
- Une photocopie certifiée conforme de l'acte de mariage pour la femme mariée;
- Une photocopie du décret de naturalisation ou de réintégration, le cas échéant;
- Le certificat de perte de passeport, s'il y a lieu.
D'où provient donc le passeport dit « express » ?
Pour les populations ordinaires, il est très facile de se dire que le passeport « express » est un qu’on obtient bien plus vite que les autres. En effet, face à la peine à laquelle faisaient face les citoyens pour entrer en possession de ces pièces d’identité, d’autres ont décidé d’en profiter et monnayer à des centaines de mille l’obtention de l’utilisation par voie légale. Certains agents de la police nationale et particulièrement ceux de l’Emi-immigration, roulent des mécaniques et saisissent l’occasion du paiement, pour se faire un maximum de plaisir.
Les montants varient entre 150.000 cfa, et des parcelles de terrain à n’en plus finir. Les montants demandés pour l’établissement du passeport dit « express » peuvent aller jusqu’à des cimes insoupçonnables. Or, il n’existe pas de passeports « express » mais des passeports ordinaires qui sont produits plus rapidement que d’autres de façon frauduleuse. Cette pratique entretenue par des réseaux parallèles d'agents de la police camerounaise est fortement condamnée par la loi. Et les hautes autorités de la police mènent en ce moment une lutte acharnée contre ces pratiques au sein de leurs rangs. L'actualité récente nous a d'ailleurs servi de nombreuses arrestations dans les rangs de forces de l'ordre. Mais jusque là, certains agents continuent de mener sous cape la pratique. Seulement, au vu du niveau de corruption qui gagraine nos administrations, difficile de dire si cette activité s'estompera dans les prochains jours.
Cameroun : la production des passeports reprend son cours normal
Stéphane NZESSEU