Depuis quelques temps, on assiste dans les quartiers de Yaoundé et Douala à un nouveau système de facturation mis en place par la société de distribution de l’électricité. Une méthode qui est très proche de l’arnaque. Et les voix des camerounais se lèvent pour dénoncer cet état de chose.
C’est devenu une habitude pour les clients ENEO de ne pas recevoir leurs factures à la fin du mois. Et à leur grande surprise, ils voient juste des agents ENEO qui montent sur les poteaux pour couper l'électricité dans les foyers. Et même quand la facture arrive, le plus souvent le montant est tellement exorbitant qu’on a du mal à croire que cela corresponde à la consommation du ménage. Effectivement, de plus en plus les chiffres de ENEO ne correspondent plus aux consommations réelles des ménages.
Depuis plusieurs années maintenant, ENEO a beaucoup de mal à assurer la collecte des index sur les compteurs dans les ménages. Malgré les multiples sous-traitances, l’entreprise n’arrive pas à atteindre ses objectifs. De plus, elle subit des pressions pour faire le maximum de bénéfices financiers. Il faut trouver des stratégies pour spolier au maximum les abonnés. Officiellement, il s’agit d’une mesure de limitation dans le cadre de la lutte contre la COVID 19.
En effet, explique un cadre de cette entreprise, « dans l'optique de limiter les descentes des équipes chez les clients, comme mesure de prévention du Covid-19, Eneo expérimente depuis quelques mois une nouvelle approche de facturation. Il s’agit d’un système de relève des index à une fréquence d’un mois sur deux ou trois.
Ainsi, en attendant sa prochaine relève, le client est toujours facturé mensuellement, sur la base d'une consommation estimée. Le principe de l’estimation est d’imputer au client une consommation plus ou moins égale à la moyenne de ses trois dernières consommations. En temps normal, la consommation du client sera sensiblement la même d’un mois à l’autre ». Ce qui n’est pas complètement exacte.
Ce qu’il faut dire c’est que la technique d’estimation laisse libre cours aux services d’ENEO d’imaginer un index et de vous l’imputer. Votre facture viendra avec des montants qui n’ont rien à voir avec votre consommation réelle. Et quand l’estimation veut se rapprocher de la réalité, elle considérera toujours l’index le plus élevé de vos trois mois de consommation.
Malgré les assurances que veulent donner les agents d’ENEO, il n’y a rien de convaincant. Pour se prémunir d’éventuelles erreurs, le procédé permet des réparations automatiques. « Il peut arriver qu’un changement dans les habitudes de gestion de son électricité génère un écart à la baisse ou à la hausse sur la consommation réelle. Cet écart n’étant pas visible quand il est estimé, la situation s’équilibre au moment où le client sera à nouveau facturé avec l’index effectivement lu. En fonction de la nature de l’écart, l’on se retrouve avec une facture soit plus élevée, soit moins élevée que d’habitude.
D’où l’impression de sous-facturation ou de surfacturation, selon le cas. Mais, l’équilibre est immédiatement rétabli dès que l’index est effectivement lu. En tout état de cause, les principes de facturation doivent être respectés. À savoir que les consommations facturées doivent être justes », explique un cadre d’ENEO.
Pour justifier leur arnaque, ils disent qu’ « En France, par exemple, la lecture des index des consommateurs se fait une fois tous les six mois ». Mais ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’en France, il n’y a pas de système d’imagination de la consommation des abonnés. Quand ils parlent de réajustement lors du relevé au troisième mois ce n’est pas exacte puisque le 3e mois vous payez simplement le montant de l’index de ce mois, s’appuyant sur des déductions du dernier mois de relèvement, ou alors si le client est malchanceux, il va payer en un mois la consommation de trois mois alors qu’il avait déjà payé les deux mois intermédiaires. Une véritable arnaque.
Stéphane NZESSEU