Pour ceux qui prennent le risque de se rendre dans ce petit village situé à 75 Km du chef lieu de la région du Sud, ils doivent s’armer d’une bonne dose de patience
Le reportage de nos confrères de la chaîne de télévision Equinoxe Tv vient remettre au devant de la scène, le quotidien des Camerounais sur l’ensemble du triangle national, surtout ceux qui vivent dans des contrées lointaines.
Des promesses de développement qui n’ont duré que le temps de la campagne électorale alors que les populations au quotidien vivent un calvaire indescriptible.
Une seule voiture pour rallier Ebolowa I et Minka
Une chose incompréhensible qu’en 2020, il n’existe qu’une seule et unique voiture qui fasse la jonction entre le chef lieu du département du Sud et les villages qui se trouvent sur ce tronçon qui conduit aux abords du département de l’Océan, plus précisément à Bipindi.
Et quand cette auto tombe en panne, les voyageurs sont obligés de rester sur place en attendant que le chauffeur revienne sur ses pas, en empruntant une moto, afin de prendre de l’essence ou avec un mécanicien, si cela s’avère nécessaire.
Malgré le coût du voyage élevé, surtout en saison de pluie, ils ne peuvent émettre la moindre protestation et tentent tant bien que mal de se protéger car, ils sont exposés à tous les dangers, dont le moindre est la piqûre des insectes.
« Nous sommes déjà habitués, on nous a affecté de ce côté depuis trois ans, et puis, nous nous sommes adaptés. Nous nous attelons au quotidien à surmonter les difficultés de la route qui est passable en saison sèche ; mais en saison de pluie, c’est un parcours de combattant. Et bon, comme nous sommes appelés à servir partout, je pense que nous ferons toujours notre devoir », se confie Paul Auguste Tsanga – Directeur du Cetic de Nyangong – Ebolowa Ier.
Pierre Medjo Zame - Représentant du Chef de Village de Nyangong – Ebolowa Ier est parmi les passagers du véhicule tombé en panne et il a été rencontré par nos confrères d’Equinoxe Tv : « Le chauffeur a tenté d’aller réparer la pièce en ville et de revenir et cela se fera même très tard dans la nuit parce qu’il doit se débrouiller à la trouver. Nous allons rester sur place, nous n’avons pas le choix. Quand la route est mauvaise, on peut faire comment ? C’est notre quotidien et il y’a près de dix personnes dans la voiture…».
Au-delà des vastes bourbiers, il faut braver les collines
« Cette colline a pour nom : Nkol Sabong. Elle est très compliquée parce qu’elle commence très bas et ça finit dans le village qu’on appelle Meka II. Trop fatiguant, j’enlève même souvent mon tricot et je reste avec les soutiens avant de monter…», explique Lorraine Medjo – Habitante du village Nyangong – Ebolowa Ier.
Quel est le rôle joué par l’autorité administrative et les élus de ces localités ?
On a beau jeu de menacer le Chef Supérieur de Minka, de le destituer lorsqu’il dit qu’ « un sceau et quelques morceaux de savon ne lui serviront strictement à rien ».
Il a simplement profité d’une occasion qui lui a été donnée afin de poser un problème de fond, celui que vivent ses populations au quotidien.
Sa localité est située en pleine forêt équatoriale, zone par excellence de production agricole. Il n’y a pas moyen d’écouler les produits de la terre. Les infrastructures sociales manquent cruellement de personnel et que dire de l’énergie électrique ?
En expliquant sa posture à l’autorité administrative, mandatée par le Président de la République dans le cadre de la remise des dons, il l’a dit ; « les candidats en quête des mairies et des places à l’Assemblée Nationale sont venus solliciter le suffrage de ces populations, en leur faisant des promesses qui n’ont jamais été tenues. Cela dure depuis des lustres et monsieur le Sous préfet, nous avons besoin des routes… ».
Ce sont les mêmes qui reviendront dans cinq ans, confortablement installés dans de grosses voitures, sentant à peine les soubresauts de la route, lorsqu’il ne sera même pas demandé aux habitants de ces localités d’embellir la route afin de recevoir les étrangers qui viennent de la ville avec des cadeaux.
A qui la faute ?
Certains ont coutume de dire que « Chaque peuple mérite ses dirigeants ». Et malheureusement, ce reportage et tous ceux qui ont été réalisés, mettant en exergue les difficultés auxquelles sont confrontées les populations dans le Cameroun profond et même dans les grandes métropoles, ne semblent faire prendre conscience à personne.
A l’aube des élections municipales et législatives par exemple, nombreux sont les candidats qui se présentent à elles, issus de différentes formations politiques. Qu’est ce qui peut expliquer que ceux qui ont brillé par leur incompétence, leur invalidité, leur totale indifférence soient toujours portés à la tête des mairies ou à l’Assemblée Nationale alors que d’autres veulent et peuvent faire mieux ?
Les élections régionales sont annoncées avant les municipales et les législatives de 2025. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les pleurs et les cris de ces populations n’auront aucun impact sur les décideurs, jusqu’à ce qu’elles se résolvent à prendre véritablement leur destin en main et en portant leur choix sur ceux qui peuvent travailler et leur rendre compte.
Nicole Ricci Minyem