Le Syndicat national des personnels médico-sanitaires (SYNPEMS) et le Syndicat national des personnels des établissements et entreprises du secteur de la santé du Cameroun (CAP Santé) annoncent, dans un communiqué conjoint publié mercredi, qu’ils seront en grève lundi prochain.
«Il règne de nouveau, dans les formations sanitaires publiques, un sentiment de désarroi, de tristesse, d'abandon, de laisser-faire, de frustration susceptible d'altérer la qualité des soins, l'épanouissement des personnels et plonger les personnels vers les mauvaises pratiques tant décriées dans les hôpitaux camerounais», fustige le communiqué cosigné par Sylvain Nga Onana, président de CAP Santé, et Balla Balla, président du SYMPEMS.
Si le gouvernement n’apporte pas des «réponses claires et idoines» à leurs préoccupations, les deux syndicats promettent «un arrêt total du travail jusqu’à ce que des réponses idoines soient apportées à nos revendications».
La colère des syndicats de la santé s’explique par la non-application par les pouvoirs publics des mesures prises depuis plusieurs années devant améliorer les conditions des travailleurs.
Il s’agit, entre autres, des primes accordées aux personnels médicaux et paramédicaux de l'État relevant du code du travail, des modalités d'attribution des quotes-parts sur l'ensemble des prestations à titre onéreux aux personnels médicaux et paramédicaux exerçant dans les formations sanitaires publiques, de l'harmonisation de l'âge de départ à la retraite, du paiement de l'indemnité de non logement au personnel de la première à la sixième catégorie, de la mise en retraite systématique des personnels atteints par la limite d'âge.
Les syndicats revendiquent également une revalorisation salariale des médecins du sous-secteur public et le versement direct des subventions de l'État aux médecins du sous-secteur privé sous forme de primes mensuelles.Le contexte économique actuel ne permet pas aux médecins de vivre de façon décente, plaide le syndicat. Ce qui encourage la corruption, l’envie d’aller ailleurs.
«Quand on travaille dans un secteur aussi sensible que la santé, il est important que l’état d’esprit et le moral soient parfaits. Sinon, c’est la porte ouverte aux dérives. Un personnel bien rémunéré est un personnel prêt à tous les sacrifices pour sauver des vies.
Les médecins au Cameroun touchent entre 105 000 FCFA et 234 000 FCFA. Ils ont du mal à atteindre 400.000 FCFA de salaire en 25-30 ans de carrière. Nous voulons respecter notre serment, nous sommes fatigués d’être des “jongleurs”. Nous voulons faire notre travail et rien que notre travail», indique le Dr Patrick Ndoudoumou.
L’urgence d’une suspension pure et simple des affectations des médecins sans salaire ainsi que la mise en place d’une procédure de traitement accélérée des dossiers d’intégration figure aussi au cœur des revendications du syndicat. C’est cette défaillance qui est à l’origine du monnayage des services.
Entre autres raisons évoquées, le médecin doit se loger, se nourrir, s’occuper de sa famille et payer le transport pour venir suivre un dossier à très longue procédure à Yaoundé. Pour cela, il est difficile de parler de vocation ou de serment dans un contexte de survie voire de jungle Pénurie de ressources humaines.
Certaines de ses revendications étaient déjà à l’origine de la grève observée par les personnels de santé des hôpitaux publics, au début de l’année 2017. Les autorités avaient pris l’engagement d’y apporter des solutions, ce qui n’aurait pas été fait depuis deux ans, d’où leur décision d’initier un nouveau mouvement de contestation.
Otric N.