Des accrocs se sont produits dimanche 16 décembre lors des élections municipales à Port-Bouët, l’une des communes d'Abidjan et, à Grand-Bassam, tandis que tout se déroulait dans le calme dans les quatre autres communes et deux régions de Côte d'Ivoire où les scrutins locaux avaient été annulés après le vote du 13 octobre.
À Port-Bouët, où des incidents violents avaient éclaté en octobre, de nouvelles violences ont eu lieu dimanche. Des individus ont détruit une fenêtre du siège électoral du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, la formation de l’ancien président Henri Konan Bédié. Selon des membres du parti, plusieurs personnes ont été agressées devant le siège.
Sylvestre Emmou, candidat du PDCI, l’un des deux favoris affirme que : « Depuis 72h, Port-Bouët a été infesté de loubards, de microbes. On sait qui fait ces opérations, ce sont les mêmes qui ont fait invalider le scrutin. Plus de 10 000 cartes d’électeurs ont disparu (…). Rien n’est normal. On essaie de tricher, on essaie de braquer un scrutin, une sorte d’intimidation envers les électeurs… ».
Du côté de la majorité présidentielle, Marcel Nguettia, le directeur de campagne de l’autre favori Siandou Fofana, fait les mêmes reproches au PDCI : « Nous connaissons les pratiques de monsieur Emmou Sylvestre. Chaque fois qu’il y des élections depuis 15 ans, il est toujours le premier à accuser les autres. Sans même que les résultats n’apparaissent, il dit toujours qu’il a gagné ». Un important dispositif des forces de l’ordre était visible à Port-Bouët, avec de nombreuses patrouilles et des forces de police armées dans les bureaux de vote.
Tentatives d’intimidation à Grand-Bassam
A Grand – Bassam, cité historique balnéaire à 30 km de Abidjan, où les troubles post – électoraux avaient duré plusieurs semaines, de nouveaux incidents sont venus perturber le scrutin, notamment dans des bureaux de vote traditionnellement favorables au PDCI. Au centre de vote du Collège moderne, une demi-douzaine de jeunes ont fait irruption dans la matinée, tentant de provoquer une bagarre et d’intimider les électeurs, selon plusieurs témoins.
Juste à côté, au centre Bassam 1, les files d’attente des électeurs s’allongeaient et la grogne est montée dans l’après-midi, du fait de dysfonctionnements des tablettes biométriques servant à vérifier l’identité des votants, stoppant le scrutin, suivant la consigne de la Commission électorale indépendante. Pourtant, selon un observateur de l’Union européenne, ce sont les listings papiers des électeurs qui font foi et non les tablettes, et le vote n’aurait pas dû être suspendu.
Enfin, une bagarre a éclaté dans la matinée dans un fief du PDCI, le village de Mondoukou, à une dizaine de kilomètres de Grand-Bassam, entre des partisans des deux principaux candidats, RHDP et PDCI, rapidement contenue par les forces de l’ordre, selon des habitants. À Lakota, où une personne avait été tuée le 13 octobre, les forces de sécurité étaient aussi très présentes dimanche, selon un observateur électoral, alors qu’une forte tension avait régné dans la ville les jours précédents. Un incident sérieux s’est produit samedi à Divo, où le responsable local de la jeunesse rurale du PDCI a été frappé et a dû être hospitalisé, selon la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme.
De son côté, la Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation des élections en Côte d’Ivoire (POECI), qui avait déployé 84 observateurs à Grand-Bassam, Lakota et Port-Bouët, a dénoncé des actes de violence et des tensions dans de nombreux lieux de vote et en dehors, dans les communes de Grand-Bassam et de Port-Bouët. Par ailleurs, la POECI s’insurge contre les empêchements d’observer qui ont été́ opposés à certains de ses observateurs et observatrices, malgré́ la lettre d’accréditation en date du 13 décembre signée par le président de la CEI, M. Youssouf Bakayoko.
Nicole Ricci Minyem