Ce sont des victimes collatérales des violences qui opposent les communautés à Tombouctou, au nord du pays, en proie à la guerre : « Deux fillettes qui étaient dans un véhicule ont été tuées par des tirs », a dit une source proche du gouvernorat local sans plus de précision.
Ce ne sont pas les seules victimes. Un commissaire de police a été tué par une foule en colère plus au sud, ont indiqué des responsables.
Tombouctou, la « perle du désert » durement éprouvée par les violences séparatistes, jihadistes et interethniques qui frappent le Mali depuis 2012, connaît depuis mercredi soir, un vif accès de tensions intercommunautaires.
Les différents protagonistes se rejettent la faute de ces décès. Alors que l’armée pointe un doigt accusateur contre les « terroristes », la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) affirme quant à elle que ces enfants ont été tués par des tirs de l’armée malienne. Elle attribue les blessures, le pillage des commerces et des maisons, les saccages des voitures et autres. Les populations civiles sont visées sur la base de leur appartenance ethnique », conclu t- elle.
La Croix-Rouge et la mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont exprimé leur inquiétude devant ces violences, alors que les tensions sont fréquentes entre les populations sédentaires de la région et les peaux claires, Touareg et Arabes, accusées d‘être responsables de braquages à longueur de journée.
Les nouvelles tensions ont éclaté mercredi, après que des inconnus eurent forcé des barrages mis en place par des jeunes de Tombouctou après l’enlèvement pendant trois jours de deux des leurs, selon des témoins.
« Si l’armée malienne ne peut pas nous sécuriser, nous allons nous sécuriser nous-mêmes. C’est nous les vrais natifs de Tombouctou », a déclaré à l’AFP un jeune manifestant, Younousse Touré, très remonté contre les peaux claires.
Le commissaire assassiné a été tué par des manifestants, qui l’accusaient d’exactions. Ils sont arrivés tout excité et ont assiégé le poste de police pour exiger son départ. Une partie de la population, déjà remontée contre lui, n’a pas supporté de le voir revenir après deux semaines d’absence, a déclaré un responsable du commissariat de Niono : « Le commissaire est un ami des bandits. Depuis sa nomination, les vols de motos, les braquages et pillages des boutiques se multiplient », a accusé un manifestant, Issiaka Sanogo.
« Le bilan est de un mort (le commissaire) et 22 blessés, dont un gendarme, et quatre cas graves parmi les policiers. Côté manifestants, un mort et quelques blessés sont à déplorer », selon la même source.
Nicole Ricci Minyem