Le verdict rendu par la justice militaire du Nord Kivu est tombé ce mardi. Seize individus, parmi lesquels le Dr Jean-Paul Mundama sont, en plus de ce meurtre, accusés de "terrorisme et association des malfaiteurs".
Selon les témoignages recueillis par nos confrères de l’Afp, « Le Dr Mouzoko aurait été victime d'un plan monté par des médecins locaux pour « faire peur et faire fuir » leurs collègues étrangers, d'après un avocat-chercheur qui a suivi l'affaire, Jean-Marie Vianney Muhindo Kanzira… ».
Jean-Baptiste Kumbu, avocat général cité pendant l’enquête a pour sa part affirmé que : « Les médecins locaux gagnaient une prime de 20 dollars par jour, alors que les expatriés touchaient plus de 20.000 dollars par mois ».
L’exploitation des personnes interpellées tout au long de l’enquête laisse entrevoir que c’est un sentiment de jalousie, qui a conduit Mundama et ses complices à préparer leur coup, de Décembre 2018 à Janvier 2019 ;
Lorsqu’ils ont estimé que tout était au point, ils ont confié leur sale besogne à des hommes de main et, ce sont ces derniers qui, au cours d’une réunion qui se tenait dans un hôpital à Butembo ont froidement tiré sur le Docteur Richard Valery Mouzoko Kiboung. C’était le 19 Avril 2019.
Sa famille reste inconsolable
Au regard des motifs ayant conduits à son assassinat, environ quatre semaines après son arrivée en RDC. Lui, comme des centaines d’experts en maladies virales, avait été recruté par l’Organisation Mondiale de la Santé afin d’aider les médecins locaux à enrayer l’épidémie d’Ebola.
Médecin humaniste
Le Docteur Richard Valery Mouzoko a bénéficié d’une formation de médecin au Cameroun. Après l’obtention d’une bourse, il est allé poursuivre ses études à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique ; celles – ci ont été couronnées par l’obtention d’une maîtrise ainsi que d’un doctorat. Voulant se perfectionner, il a choisi de suivre un cursus postdoctoral.
Et, pour le Docteur Veerle Vanlerberghe, son directeur de thèse, « Il était très préoccupé par les groupes de population vulnérables… Il a toujours été désireux d'apprendre de nouvelles méthodes et de les appliquer dans la lutte contre les maladies qui sévissent sur son continent… ».
L’homme, arraché à la fleur de l’âge aux siens, avait servi les communautés vulnérables – les réfugiés – les personnes déplacées à l'intérieur du pays de même que les groupes nomades.
Il avait enquêté sur maintes maladies dont la fièvre jaune, la rougeole, la polio, la méningite, le tétanos néonatal et Ebola, et a mené de nombreuses campagnes de vaccination dans plusieurs pays.
Enseignant engagé, le Dr Mouzoko a en outre dirigé des formations pour des centaines de jeunes médecins et agents de santé. Multilingue, il parlait le français, l'anglais et plusieurs langues camerounaises dont le haoussa, le Douala, l'Ewondo, le Basa’a…
Nicole Ricci Minyem