Sept mois après le début de la plus importante épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC), la riposte ne parvient pas à maîtriser l’épidémie, a déclaré hier jeudi Médecins Sans Frontière (MSF) lors d’une conférence de presse à Genève.
Selon Médecins sans Frontière, depuis le début de l’année, à l’épicentre de l’épidémie, à Katwa et Butembo, en République Démocratique du Congo, 43% des patients au cours des trois dernières semaines ont été infectés sans que l’on puisse identifier de lien avec d’autres cas.
« Sept mois après le début de la plus importante épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo, et dans un climat de méfiance croissante de la part de la communauté, la riposte ne parvient pas à prendre le dessus et à "maîtriser l'épidémie », a indiqué MSF dans un communiqué.
Près de 900 cas ont été enregistrés, dont 563 décès, selon les autorités. Depuis le début de l'année, plus de 40% des nouveaux cas sont des personnes décédées d'Ebola chez elles, dans les communautés.
« Cela signifie que nous ne pouvons pas les atteindre et qu'elles n'ont pas cherché des soins », a déclaré la présidente de MSF, Joanne Liu, lors de la conférence de presse à Genève.
« Nous sommes face à une contradiction frappante: d'un côté, une réponse rapide et importante grâce à de nouveaux outils médicaux comme les vaccins et les traitements qui donnent des résultats prometteurs quand les patients arrivent tôt, de l'autre, des personnes infectées par Ebola qui meurent dans leurs communautés et qui n'ont pas suffisamment confiance en la réponse pour venir se faire soigner », a-t-elle relevé, dans le communiqué.
Rappelons que, La dixième épidémie d'Ebola a été déclarée le 01er août 2018 dans la province du Nord-Kivu avant de toucher quelques jours plus tard la province voisine de l'Ituri (Nord-est). Les activités de riposte contre l'épidémie ont, à plusieurs reprises, été perturbées par des attaques dans cette région de la RDC, en proie à des conflits.
La semaine dernière, MSF a suspendu ses activités de lutte contre Ebola à Katwa et Butembo, dans la province du Nord-Kivu, à la suite d'attaques successives sur deux centres de traitement. Durant le mois de février uniquement, des dizaines d'incidents sécuritaires ont eu lieu à l'encontre de l'ensemble des activités Ebola, selon MSF.
« Une série de problèmes a conduit à ces tension, dont le déploiement massif de ressources financières centré seulement sur Ebola, ainsi que le report officiel des élections en raison de l'épidémie Ebola, exacerbant les soupçons selon lesquels Ebola serait une manigance politique », a-t-elle poursuivi.
L'ONG déplore aussi l'utilisation de la police et des forces armées pour imposer aux gens des mesures sanitaires car, cela conduit les communautés locales à se mettre davantage à l'écart, ce qui est contre productif. « La force ne doit pas être utilisée comme un outil pour tracer et traiter les patients, contraindre à des enterrements sécurisés ou décontaminer les maisons », a insisté MSF. Ebola est une maladie cruelle qui génère la peur, qui isole les patients, les familles et les soignants, ajoute Dr. Joanne Liu. La réponse doit être axée sur les patients et les communautés. Les patients doivent être traités en tant que tel, et non considérés comme une sorte de menace biologique.