Le parti historique de l'opposition en République démocratique du Congo a déclaré ce mardi que son candidat Félix Tshisekedi était «pressenti gagnant» de l'élection présidentielle et que ce dernier et le président Joseph Kabila avaient "intérêt" à se rencontrer.
«Quant aux rumeurs faisant état d'un rapprochement entre le président sortant, M. Joseph Kabila, et le candidat pressenti gagnant des élections du 30 décembre 2018, en l'occurrence M. Félix Tshisekedi, l'UDPS tient à préciser qu'elle s'inscrit dans la logique de la réconciliation nationale», a déclaré à la presse son secrétaire général Jean-Marc Kabund.
De ce fait, l'UDPS s'oppose «à toute politique de règlement de comptes et de chasse à l'homme», a-t-il ajouté. «En tout état de cause, les deux personnalités ont intérêt à se rencontrer pour préparer la passation pacifique et civilisée du pouvoir», a poursuivi M. Kabund.
Selon l’AFP, des rumeurs d'un rapprochement entre l'UDPS et la présidence Kabila, au détriment de l'autre opposant et candidat à la présidentielle Martin Fayulu, ont filtré dans le journal belge Le Soir. Dans un entretien avec Le Soir, M. Tshisekedi a déclaré au sujet du président Kabila qu'il «est évident qu’il pourra vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations, il n’a rien à craindre» s'il quitte le pouvoir.
«Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ?», avait-il ajouté. L'autre candidat de l'opposition Martin Fayulu va donner une conférence de presse mardi à 16h00 (15h00 GMT), a annoncé son entourage.
La République démocratique du Congo vit toujours dans l'attente de la proclamation des résultats provisoires de l'élection présidentielle à un tour du 30 décembre qui doit désigner le successeur du président Kabila. Cette proclamation a été reportée à une date ultérieure sans précision dimanche par la Commission électorale qui affirmait alors n'avoir traité que 53% des résultats.
«L'UDPS met en garde la Céni (Commission électorale) contre toute conspiration qui modifierait l'expression de la volonté du souveraine primaire», a prévenu son secrétaire général. La Commission électorale a en effet reporté sine die l'annonce des résultats provisoires de l'élection du 30 décembre qui doit départager le "dauphin" du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.
La Céni est la seule autorité habilitée par la loi à proclamer les résultats. Issu de la société civile, son président Corneille Nangaa a pour second un vice-président qui a été nommé par le parti au pouvoir, Norbert Basengezi. Le binôme se trouve à la tête d'un organe décisionnel, une Assemblée plénière de treize membres supposée refléter le pluralisme de la société congolaise.
L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a demandé en vain le remplacement du rapporteur Jean-Pierre Kalamba issu de ses rangs, mais qui s'est éloigné depuis du parti historique de l'opposition congolaise. En novembre 2015, plusieurs membres dont le questeur avaient démissionné. Il était issu des rangs d'un des sept partis qui venaient de passer à l'opposition en septembre 2015. «La Céni a été réformée pour aller dans le sens du pouvoir», dénonce l'opposition.
Avec deux ans de retard, le président Kabila, au pouvoir depuis 18 ans, a accepté de se retirer sous la contrainte de la Constitution qui lui interdit un troisième mandat.
Otric N.