Des incidents ont éclaté en début de week end à Antananarivo entre partisans de l'ex-chef de l'Etat Marc Ravalomanana, donné perdant de la présidentielle du 19 décembre et les forces de l'ordre qui ont dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène, ont constaté les hommes de média.
Pour la cinquième fois en une semaine, quelques 500 partisans de Marc Ravalomanana ont bravé l’interdiction de manifester sur la place centrale du 13-Mai dans la capitale malgache. Les forces de l’ordre les ont dispersés à coups de gaz lacrymogène, comme mercredi, et les protestataires ont riposté avec au moins deux cocktail Molotov. Quatre personnes ont été arrêtées samedi, selon les mêmes sources.
Les manifestants dénoncent des fraudes lors du second tour de la présidentielle, remporté par l’ancien président Andry Rajoelina entre 2009 et 2014, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il a obtenu 55,66% des suffrages, contre 44,34% pour Marc Ravalomanana qui a déposé des recours devant la Haute Cour constitutionnelle (HCC) pour contester les résultats.
La HCC doit se prononcer sur la validité ou non de ces recours mardi. D’ici là, les partisans de Marc Ravalomanana ont prévu de manifester quotidiennement pour faire pression sur la principale instance judiciaire du pays : « C’est injuste qu’on nous disperse comme ça à coups de gaz lacrymogène, nous des simples citoyens qui réclamons juste la vérité des urnes - « Après ce 8 janvier, si on ne restaure pas la vérité, peu importe qui va gagner, on va entrer dans une crise », a estimé un manifestant, Jean-Paul Rasolon, 53 ans.
« Nous ne sommes pas ici pour troubler l’ordre public », On veut juste la vérité, parce que j’ai vu de mes propres yeux les fraudes massives … », s’est indigné une autre manifestante Ninia Donia.
Règlement de comptes
Après une chasse au chat et à la souris entre manifestants et forces de l’ordre, une pluie torrentielle s’est abattue sur la capitale, vidant la place du 13-Mai.
À sept mois du premier tour des élections générales, les adversaires du président en exercice s’étaient mobilisé pour dénoncer l’adoption d’une nouvelle loi électorale le favorisant et, l’accusent de vouloir faire taire l’opposition. Hery Rajaonarimampianina, élu depuis 2013 n’avait cependant pas encore fait acte de candidature pour un second mandat
C’est en revanche déjà le cas de Marc Ravalomanana, ancien président de 2002 à 2009, et d’Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014. Or la nouvelle loi électorale prévoit qu’un candidat à la présidentielle doit déclarer toutes ses condamnations en justice, ce qui désavantagerait Ramalomanana, reconnu coupable de délits lorsqu’il était en exil après le coup de force de son successeur en 2009.
L’élection de 2018, qui s’est déroulée sans incident majeur, a pris le tour d’un règlement de comptes entre Marc Ravalomanana, qui a quitté le pouvoir en 2009 sous la pression de la rue et de l’armée qui avait confié le pouvoir à l’opposant Andry Rajoelina.
Les deux hommes avaient été interdits de candidature à la présidentielle de 2013 dans le cadre d’un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale.
Nicole Ricci Minyem