Selon le communiqué rendu public ce dimanche par les forces de sécurité, il s’agit de trois employés : un Ecossais, un Canadien et un Nigérian
Abdullahi Ibrahim, l’un des porte-paroles des forces de sécurité gouvernementales, membre d'une équipe baptisée Opération Delta Safe, indique : qu’ « Une demi-douzaine d'hommes armés ont attaqué la plateforme samedi, dans la zone d'Ogbele, dans l'Etat de Rivers. Ils ont tiré des coups de feu, puis ont rapidement enlevé les trois hommes avant de se diriger vers la forêt dense et les marais alentour. Les victimes sont un Canadien, un Ecossais et nous avons aussi appris qu'un travailleur nigérian était également porté disparu. Nos efforts se poursuivent pour sauver les victimes et arrêter les voyous».
Quelques jours avant, deux employés de la compagnie pétrolière Shell avaient été enlevés dans le sud du Nigeria et, deux policiers chargés de leur sécurité ont été tués par les assaillants.
Des kidnappings en échange des rançons sont fréquents dans ce pays, en particulier dans le sud producteur de pétrole. Les victimes sont généralement libérées après le versement de l'argent. La plateforme pétrolière attaquée est exploitée par Niger Delta Petroleum Resources.
Des rançons payées en dizaines de milliers d’euros
Les statistiques ne sont pas précises et rarement régionalisées, selon nos confrères de Jeune Afrique. En début d’année, certains Etats au Nigéria (Lagos au sud-ouest, Kogi et Kaduna dans le centre) ont été particulièrement ciblés par les ravisseurs. Cette pratique est favorisée par de nombreux éléments : le chômage de masse, la criminalité généralisée et la carence de l’État dans ce domaine : « C’est une industrie riche, explique Martin Ewi, chercheur sur le Nigeria à l’Institut sud-africain des études sur la sécurité. Les rançons demandées tournent autour de 28 000 euros en moyenne. C’est un véritable business pour les criminels qui a le double avantage de présenter moins de risques et de s’enrichir assez rapidement. Les ravisseurs peuvent garder en captivité leur victime pendant des mois car ils sont persuadés que la famille finira par payer».
Les chiffres prennent en compte tous les enlèvements. Ceux perpétrés par Boko Haram pour le recrutement et le financement de leurs opérations terroristes, ceux commis dans les zones pétrolifères du delta du Niger pour des revendications politiques et, le rapt commercial qui a pris des proportions inquiétantes. Le phénomène est tel que les autorités ont du mal à le contenir, d’après Martin Ewi, à la fin de l’une des études qu’il a mené dans ce pays : « Il arrive souvent que les coupables connaissent très bien leur proie, voire fassent partie de la même famille. Et la lutte est d’autant plus difficile du fait du niveau de corruption, une autre plaie du pays. À cela s’ajoute la crise économique que traverse actuellement le Nigeria».
Nicole Ricci Minyem