Muhammadu Buhari va se rendre au niveau des avants postes de la guerre contre la secte terroriste boko haram, dans le nord-est du Nigeria. C’est là où les attaques sont plus denses car elle se sont multipliées ces derniers mois.
L’annonce a été rendue publique ce jour, sur Tweeter, par son porte-parole, Bashir Ahmad : « Le président Buhari devrait ouvrir la conférence annuelle du Chef d'état-major des armées le 28 novembre (...) à Maiduguri, dans l'Etat de Borno … Cette conférence était initialement prévue à Benin City, dans le sud du pays, mais dans le contexte actuel d'explosion des violences, la présidence a décidé à la dernière minute de l'organiser dans la capitale régionale du nord-est... ».
Le président Buhari est en lice pour un prochain mandat à la présidentielle de février 2019. Or, certains membres de l’opposition pensent qu’à travers cet acte, le président sortant veut regagner les cœurs de ceux qui estiment que son bilan sécuritaire n’a pas répondu aux attentes des populations. Ils dénoncent le manque de soutien du gouvernement à des troupes épuisées et sous-équipées, et dont les morts se comptent par dizaine.
La crise sécuritaire au Nigéria a pourtant été son cheval de bataille, alors qu’il battait campagne à la veille de la présidentielle en mars 2015. Muhammadou Buhari avait notamment fait la promesse de mettre un terme à l’insurrection islamiste. Ses électeurs avaient cru en lui, peut être parce que c’est un ancien général.
Entre 2015 et 2016, les armées de la région où le groupe opère le plus, notamment le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria, regroupées au sein de la Force multinationale MNJTF avaient connu d'importants succès militaires, chassant les insurgés de la plupart des territoires sous leur contrôle.
Mais les attaques ont repris avec de plus en plus d'ampleur cette année, notamment sous la direction de la branche de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), la fraction de Boko Haram affiliée au groupe Etat islamique.
Depuis juillet, l'on a recensé au moins 20 attaques contre des bases militaires nigérianes, situées pour ainsi dire, dans la région du pourtour du lac Tchad, une zone contrôlée par l'ISWAP.
Celle du 18 novembre dernier par exemple a fait au moins 43 morts ou plutôt 100, selon certaines sources sécuritaires à Metele, un village situé près de la frontière avec le Niger.
Le ministre de la Défense, Mansur Dan-Ali, qui s'est déjà rendu Niger en septembre, doit par ailleurs se rendre au Tchad cette semaine pour une rencontre bilatérale avec son homologue tchadien, le général Daoud Yaya.
« Cette visite vise à renforcer les opérations de la force régionale (MNJTF) pour l'aider à accomplir son mandat d'éliminer les menaces sécuritaires », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la défense nigériane, Tukur Gusau.
On estime à 30 000, voire plus le nombre de personnes ayant perdu la vie depuis le début de l'insurrection jihadiste en 2009 et 1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.
Nicole Ricci Minyem