C’est un véritable coup de tonnerre. La chambre basse est revenue ce 23 juin sur la loi qui pénalise la pratique de l’homosexualité au Gabon et fait sauter le verrou de la punition de cette pratique. En vertu du principe selon lequel ce qui n’est pas interdit est permis, il va de soi que l’homosexualité devient réglementaire au Gabon.
Les députés de la chambre basse du parlement gabonais ont choisi de marqué l’histoire. Ce 23 juin 2020, au cours des travaux au parlement, ils ont fait passé au vote la loi sur la dépénalisation de l’homosexualité. Ils sont quarante-huit députés à avoir voté pour la dépénalisation, vingt-quatre ont voté contre et vingt-cinq se sont abstenus. Avec cette décision, le Gabon s’inscrit dans le club serré des pays subsaharien qui légalise cette « chose » pour parler comme le Chef de l’Etat camerounais. Un pas qui va mener très bientôt à l’autorisation du mariage entre personnes du même sexe, ce qui reste pour le moment interdit.
Une décision très mal perçue au sein de l’opinion gabonaise
La dépénalisation a rencontré une opposition parmi les députés et une partie de la population, soit 24. Or si les 25 qui s’étaient abstenus se prononçaient ouvertement pour le non, cette loi neserait jamais passée. "Gays et lesbiennes sont donc désormais libres de s'afficher sans en être inquiétés, quand bien-même le mariage homosexuel, quant à lui, n'est toujours pas autorisé", fait savoir le site d’information Gabon Review.
Mais à côté, des députés comme Blaise Louembé et bien d’autres fustigent cet état de chose : « mes convictions religieuses, mon attachement à la Constitution et à nos valeurs ancestrales ne me commandent pas d’autoriser ou d’encourager de telles pratiques », « Quarante-huit députés ébranlent toute une Nation et ses us et coutumes ».
On n’apas vu venir le Gabon dans cette affaire dans laquelle l'Afrique du Sud fait figure de pionnière. Depuis la fin du régime de l'apartheid dans ce pays en 1994, elle dispose d'un des cadres juridiques les plus libéraux au monde. Sa Constitution interdit toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, et le mariage homosexuel a été légalisé en 2006, une première encore inédite en Afrique. Les actes de violence homophobe y sont pourtant fréquents.
A l'inverse, le Cameroun, le Tchad, le Nigeria et le Burundi ont durci leur législation ((ou devraient davantage le faire) parce que refusant catégoriquement de voir officialiser sur leur territoire une pratique qui va à l’encontre de leur valeur culturelle et cultuelle.
Plus de la moitié des pays d'Afrique subsaharienne (28 sur 49) disposent de législations interdisant et réprimant l'homosexualité, parfois de la peine de mort. Ces dernières années, le Bostwana, l'Angola, le Mozambique et les Seychelles ont légalisé les relations entre personnes de même sexe, rejoignant le Gabon, la Côte d'Ivoire, le Mali, la République démocratique du Congo et le Lesotho. Un phénomène qui va grandissant.
Stéphane NZESSEU