Hier mardi 11 juin, la haute cour de justice du Botswana a décriminaliser l’homosexualité, interdite dans le code pénal du pays datant de 1965 et qualifié de « relique de l’ère victorienne » par un juge.
C’est sur requête d’une personne anonyme, identifiée seulement par ses initiales LM, et soutenue par les associations LGBT du pays, que La plus haute juridiction du Botswana a décriminalisé l’homosexualité, interdite depuis 1965 par le code pénal. « Les clauses relatives aux relations entre personnes du même sexe sont annulées », a déclaré le juge Michael Leburu. « La justice ordonne que les lois soient amendées », a-t-il ajouté dans une salle d’audience comble de la Haute Cour à Gaborone, a rapporté France24 mardi matin.
Toujours selon le juge Michael Leburu, « les clauses en question sont des reliques de l’ère victorienne qui ne sont plus viables. Elles oppressent une minorité et ne passent pas l’épreuve de la constitutionnalité ». « L’orientation sexuelle est humaine, ce n’est pas une question de mode (…) Les hétérosexuels sont autorisés à exprimer leur sexualité sans problème mais la même chose ne s’applique pas au requérant », a poursuivi le magistrat. « Nier au requérant le droit d’avoir des relations sexuelles comme il l’entend est discriminatoire », a-t-il encore expliqué, estimant que le respect de la vie privée est un droit humain fondamental.
À l'énoncé du jugement, les dizaines de militants réunis dans la salle d'audience bondée se sont embrassés, ont applaudi et brandi un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQ. Ainsi, Neela Ghoshal, chercheuse auprès de la division LGBT de l’ONG Human Rights Watch estime que cette victoire n’est pas seulement une victoire pour le Botswana, mais aussi une victoire pour toute l’Afrique. « Cette victoire change la donne, et apporte de l’espoir aux gens après les récentes déceptions », a-t-elle déclaré à France 24.
La décision du Botswana de décriminaliser l’homosexualité, intervient quelques semaines après que le Kenya a refusé d’abroger les lois criminalisant l’homosexualité. En effet, Le 24 mai dernier, trois juges de la Haute Cour à Nairobi votaient le maintien de textes datant de la colonisation britannique, il y a près d’un siècle. « Nous estimons que les sections contestées du Code pénal ne sont pas inconstitutionnelles », avait déclaré l’une des juges, Roselyne Aburili, lors de l’audience. Au Kenya, l’homosexualité est passible de 5 à 14 ans de prison.
Notons que, Le Botswana est le 22e des 49 pays de l’Afrique subsaharienne à décriminaliser l’homosexualité. Dans certains pays comme la Mauritanie, le Soudan ou le Nigeria, les relations entre personnes du même sexe sont passibles de la peine de mort.
Danielle Ngono Efondo