La Chine ne fera plus cavalier seul pour l’exploration lunaire. Lors de la prochaine décennie, l'aventure spatiale de la Chine vers la lune s'écrira avec la France. Paris et Pékin ont convenu de collaborer pour une future mission lunaire. Le lancement est prévu à l'horizon 2023-2024 mais l'accord a été signé mardi 26 mars à l'Elysée en marge de la visite du président Xi Jinping.
15 kilos de matériel scientifique français seront envoyés dans l’espace, l'objectif étant de recueillir des échantillons de minerai lunaire. Grâce à cette coopération, la France va faire de la science sur la Lune, et ça, c'est une première.
« C’est historique parce que nous ne sommes jamais allés sur la Lune, et c’est intéressant parce que c’est ce que j’appelle notre stratégie de niche, c’est-à-dire que nous fournissons des instruments dont le coût est relativement peu élevé sur des missions qui coûtent beaucoup plus cher, que nous n’avons pas les moyens de financer. La France a une vraie compétence en matière d’exploration planétaire, c’est pour cela que nous sommes avec les Américains sur mars et demain avec les Chinois sur la Lune », explique Jean-Yves Le Gall, le président du Centre national d'études spatiales (Cnes) qui est ravi de ce rapprochement franco-chinois.
Concrètement, l’Administration spatiale chinoise (CNSA) accueillera à bord de la mission Chang’e-6 des expériences françaises. Pour l’Empire du Milieu, il s’agira alors de recueillir des échantillons lunaires, qui est la prochaine phase de son programme : les précédentes missions consistaient à placer des sondes en orbite et faire atterrir des astromobiles de chaque côté du satellite.
Il s’agit donc d’une sorte de contrat « gagnant-gagnant » avec les Chinois. D'autant que la coopération ne s'arrête pas là. L'envoi d'un spationaute français sur une mission chinoise serait en discussion. « Thomas Pesquet, pour l’instant, va voler si tout va bien sur la station spatiale internationale à la fin de l’année prochaine, et ensuite on verra, mais je pense que plus nous augmentons notre coopération avec la Chine, plus les chances d’un jour faire voler un spationaute français sur la station chinoise peuvent se concrétiser ». Tempère Jean-Yves Le Gall.
Avec cet accord la France devient le pays du monde ayant le plus de coopérations spatiales avec la Chine, puisque les deux pays coopèrent déjà avec le satellite commun d’océanographie CFOSAT (Chinese-French Oceanic SATellite), lancé en octobre 2018. Les deux agences ont aussi sur les rails le laboratoire spatial SVOM (Space Variable Objects Monitor) consacré aux sursauts gammas, prévu pour 2021. Enfin, du côté de la médecine spatiale, les deux nations collaborent sur Cardiospace 2.
Danielle Ngono Efondo