Le Président français Emmanuel Macron a lancé en avril dernier une Commission d’enquête avec pour objectif mener des études sur les archives françaises concernant le Génocide des Tutsis au Rwanda (de 1990 à 1994). Les listes des membres de cette commission viennent d’être publiée. Une question se pose cependant, sur l’absence d’un spécialiste du Rwanda dans les listes dévoilées.
Deux jours avant la commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda, le 05 avril 2019, les associations de victimes étaient reçues par le Président français Emmanuel Macron. Saisissant l’opportunité, celui-ci annonçait la mise sur pied d’une commission d’enquête dont la mission est d’explorer toutes les archives françaises relatives à l’implication de la France dans le génocide rwandais.
L’élargissement de la commission de 9 à 15 membres
Six mois après l’annonce de la création de cette commission, sa composition vient juste d’être annoncée. Une commission qui passe de 09 à 15 membres. Selon le Président Vincent Duclert, la raison se trouve dans l’étendue des fonds des archives expertisées qui sont « considérables » à savoir des centaines de milliers de documents, le travail de la « recherche des archives manquantes » et de « documentation de toutes les décisions ».
Chercheur et ancien directeur du CESPRA (Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron), Vincent Duclert note : « l’idée est lorsqu’on remet le rapport au président (…) que l’on puisse attester que nous avons tout vu et que le rapport soit reçu comme une œuvre incontestable, en tout cas nous l’espérons ». Le titre de l’instance concernée est « Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsis ». Vincent Duclert déclare dans cette lancée, « c’est effectivement cinq ans de politique française. Pour traiter les archives publiques françaises sur une politique au plus haut niveau-président de la République (…) et aussi des spécialistes des génocides, des spécialistes de droit ».
Parmi les 15 membres de la commission, on compte des chercheurs ou des professeurs d’université, des inspecteurs généraux de l’éducation nationale, des agrégés, des docteurs, et même des doctorants enfin de thèse, ou encore un membre du Conseil d’Etat. Manque à l’appel une 16e membre de la commission, l’historienne Annette Wieviorka, grande spécialiste de la Shoah, par rapport à une liste provisoire dévoilée début octobre par Laurent Larcher, journaliste au quotidien La croix. Une absence que Vincent Duclert explique par le fait qu’elle avait contribué aux travaux préparatoires aux réunions plénières, mais a renoncé aux travaux car « elle n’avait pas le temps nécessaire pour aller dans les archives » et de « faire un travail de dépouillement d’archives ».
Une composition polémique de la Commission
La Commission n’inclut aucun spécialiste du génocide des Tutsis au Rwanda, de l’Afrique des Grands Lacs, des interventions militaires françaises ou de la France en Afrique après les indépendances. Un choix qui a fait l’objet d’une contestation dès avril dans une pétition lancée par Christian Ingrao, spécialiste de la seconde Guerre mondiale par ailleurs, chercheur à l’Institut d’histoire du temps présent(IHTP) et au CNRS). Le texte intitulé « Le courage de la vérité », a été signé par plus de 300 chercheurs, universitaires et enseignants, et dénonce l’absence au sein de cette commission de deux historiens : Stéphane Audoin-Rouzeau et Hélène Dumas.
Innocent D H