Le Chef de l’Etat Guinéen s’est adressé à son peuple cette nuit de jeudi 19 décembre. Au cours de son discours à la nation, il a annoncé le besoin pour le pays d’aller vers une nouvelle constitution. Une décision qui risque de crisper davantage les populations qui sont dans les rues depuis quelques temps maintenant animant des manifestations qui ont déjà fait plus de 20 morts.
C’est une nouvelle qui est sans surprise pour les observateurs de l’actualité politique guinéenne. Le Chef de l’Etat, Alpha Condé a fait savoir depuis plusieurs mois aujourd’hui qu’il entendait revisiter la loi constitutionnelle. Mais très vite les partis d’opposition ont lever les boucliers. Ils craignent que le Président n’ait l’intention de modifier la Constitution juste pour se présenter à nouveau aux prochaines échéances électorales. Le mandat de l’actuel président prend fin en fin d’année 2020.
Dans sa prise de parole, le président Alpha Condé s’est gardé de dire ses intentions. Ce ne sont que des supputations qui laissent croire que jusqu’ici l’homme ambitionne utiliser cette révision constitutionnelle en sa faveur. Ce sont pour la plupart, ses adversaires politiques qui lui imputent cette intention qu’il n’infirme ni ne confirme. Au point que ses opposants ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne pour le blocage de cette révision constitutionnelle. Une campagne marquée par la propagation du hashtag « amafoulanfe » qui veut dire « ça ne passera pas ». Un propos qui est devenu au bot de ces deux mois de protestations, le cri fédérateur entre ces opposants.
Le Chef de l’Etat guinéen avait organisé des consultations politiques. Lancées en septembre, ces consultations ont débouché sur un "avant-projet" publié ce jeudi soir. Il "fera l'objet d'une large vulgarisation avant son adoption par le peuple souverain", a indiqué Alpha Condé, laissant entendre qu'il comptait le soumettre à un référendum sans toutefois préciser de date.
Dans les nouvelles dispositions de la Constitution l'article 40 stipule que "le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois". La question est de savoir si cette disposition s'appliquerait à Alpha Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, ou bien si les compteurs seraient remis à zéro avec l'adoption d'une nouvelle Constitution. Le mandat présidentiel est actuellement de cinq ans, renouvelable une fois. Depuis le 14 octobre, un collectif de partis et de représentants de la société civile appelle à faire barrage à un tel projet. Attendons voir ce que le peuple retiendra de cette campagne de vulgarisation annoncée.
Stéphane NZESSEU