La Cour constitutionnelle du Gabon a proclamé les résultats des législatives d'octobre dans la nuit de jeudi à vendredi, entraînant la fin des fonctions du gouvernement d'un pays dont le président, Ali Bongo Ondimba, est absent depuis plus de deux mois.
Ces résultats définitifs ont confirmé l'écrasante victoire du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) face à une opposition laminée qui obtient moins de 20 sièges sur les 143 de l'Assemblée nationale.
Dans les antennes de Radio France Internationale, les analystes politiques ont affirmé que cette victoire est sans surprise. Depuis cinquante ans, c’est la même formation politique qui est à la tête de chaque élection.
Par contre, c’est une autre désillusion pour les partis de l’opposition qui ont pris part au scrutin. Jean Ping, ancien challenger d’Ali Bongo a, après la proclamation des résultats appelé au boycott de ces élections.
Les nouveaux députés sont appelés en session plénière dès la 11 janvier, pour élire le nouveau président de l’Assemblée nationale ainsi que son bureau.
La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, a annoncé que le nouveau président de l'Assemblée nationale serait élu le 11 janvier 2019. Conformément à la Constitution, les fonctions du gouvernement cessent, notamment à l’issue de la proclamation des résultats des élections législatives par la Cour constitutionnelle". "Le gouvernement assure l'expédition des affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement", précise la loi fondamentale.
La tradition au Gabon veut que le Premier ministre, actuellement Emmanuel Issoze Ngondet, présente sa démission au président Bongo qui doit désigner un nouveau chef de gouvernement. Avec les membres de son cabinet, le nouveau Premier ministre prête ensuite serment devant le chef de l'Etat et les juges de la Cour constitutionnelle.
Or le président Bongo est absent depuis le 24 octobre, où il a été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) alors qu'il se trouvait en Arabie saoudite. Il a été soigné plus d'un mois dans un hôpital de Ryad avant d'être transféré à Rabat où il se trouve toujours en convalescence et en rééducation.
Depuis, il ne s'est pas exprimé, mais le fera depuis Rabat pour présenter ses vœux de Nouvel an à la Nation, a indiqué mercredi dernier, une source proche de l'entourage présidentiel.
Les mêmes sources indiquent que nul ne sait si le Président Ali Bongo sera de retour au pays, pour former le nouveau gouvernement et redistribuer les postes à l’Assemblée Nationale mais, « En attendant son retour au Gabon à une date qui n'a pas été précisée, le Président Ali Bongo Ondimba a chargé le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet de répondre aux attentes de la population conformément à la Constitution », a ajouté cette source.
En deux mois, seule une photo du président et deux vidéos tournées à Rabat, ont été diffusées. Ces images où Ali Bongo apparaît toujours assis et ne s'exprime pas - les vidéos ont été diffusées sans son - n'avaient pas rassuré sur ses capacités physiques et intellectuelles à assumer ses fonctions.
Trois dirigeants de partis d'opposition ont demandé qu'une équipe médicale constituée sur une base consensuelle aille voir le président à Rabat pour déterminer s'il est en mesure d'assumer ses fonctions.
Nicole Ricci Minyem