Le représentant spécial du secrétaire général (SG) de l’ONU pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), François Louncény Fall, a présenté ce 12 juin 2020 au Conseil de sécurité des Nations unies, le rapport semestriel du SG des Nations unies sur les principaux faits politiques et sécuritaires survenus dans la sous-région. S’agissant du Cameroun, le document aborde la crise dans les régions anglophones, la capacité de nuisance de Boko Haram, la situation humanitaire, et celle sanitaire due au Covid-19.
Le rapport transmis par l’UNOCA au Conseil de sécurité des Nations unis à propos des faits politiques et sécuritaires au Cameroun, s’intéresse essentiellement à la situation humanitaire dans le pays, l’évolution de la crise sécuritaire dans les régions anglophones, l’augmentation des attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, le climat politique avec les actions du parti politique MRC, l’état des droits de l’homme (en lien avec les allégations d’exécutions extrajudiciaires dans les régions anglophones), la situation socio-économique liée à la riposte contre le coronavirus.
En effet, le document relève, « les conditions de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont continué de se détériorer, selon les informations faisant état d’attaques lancées contre des civils, notamment des exécutions extrajudiciaires, tortures, arrestations arbitraires, destructions de biens, représailles, enlèvements, viols et autres formes de violence sexuelle, touchant de manière disproportionnée les femmes et les enfants ».
Situation humanitaire
Le SG des Nations unies a lancé un appel à un cessez-le-feu mondial le 23 mars 2020 par rapport à la pandémie de Covid-19. Selon le rapport, un seul groupe armé a suivi l’appel. Il s’agit des Forces de défense du Cameroun du Sud, « branche armée de libération de l’Afrique ». L’annonce de cessez-le-feu temporaire de ce groupe armé a été faite le 25 mars, puis a « par la suite été prolongé ». Cependant, dans le document le présentateur est déploré le fait que, « les groupes extrémistes n’ont fait aucun cas de mon appel à un cessez-le-feu mondial immédiat, incitant au contraire leurs partisans à intensifier les attaques pendant que les forces de sécurité étaient déployées à faire face à la Covi-19 ».
A en croire les données statistiques présentées par l’ONU, les deux régions anglophones du Cameroun, (Nord-Ouest et Sud-Ouest), comptaient en avril 2020, « plus de 679 000 déplacées, dont la protection était gravement compromise dans ces deux régions ; 58 000 autres personnes avaient cherché refuge au Nigéria ».
Pour ce qui est du volet Education, et l’accès des populations aux soins de santé, l’on apprend que, dans les deux régions anglophones du pays, il y a une absence de scolarisation de plus de 70% des enfants dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest au dernier trimestre 2019 ainsi que la suspension d’activités des services de santé et d’éducation à la même date.
Boko Haram dans l’Extrême-Nord
S’agissant de la région de l’Extrême-Nord, l’armée camerounaise combat Boko haram depuis 2014. Dans cette partie du pays, les attaques du groupe terroriste « ont augmenté de plus de 70% par rapport à la période examinée dans le rapport du 24 mai 2019 ». L’ONU souligne qu’entre le 01er décembre 2019 et le 05 avril 2020, les attaques attribuées à Boko Haram ont provoqué la mort de 180 civils au Cameroun.
De manière globale, la situation humanitaire au 31 mars 2020, faisait ressortir : « plus de 384 000 personnes réfugiées et demandeuses d’asile, dont plus de 272 000 personnes réfugiées originaires de la République centrafricaine. Le pays comptait également près de 977 000 personnes déplacées et plus de 354 000 personnes rapatriées, principalement dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord ».
Innocent D H