Au moins sept personnes ont été tuées samedi à proximité du palais présidentiel de Mogadiscio dans un double attentat à la voiture piégée revendiqué par les islamistes somaliens shebab, rapporte l’AFP qui cite une source policière.
«Nous avons confirmé la mort de sept personnes dans les deux explosions et au moins dix autres personnes ont été blessées», a déclaré à l'AFP Ibrahim Mohamed, un responsable de la police locale. «Les forces de sécurité ont bouclé la zone et une enquête est en cours». La télévision somalienne Universal TV, basée à Londres, a indiqué que trois de ses collaborateurs sont morts dans le double attentat, dont un journaliste possédant les nationalités somalienne et britannique, Awil Dahir.
La première explosion a eu lieu à un point de contrôle à côté du théâtre national, lui-même situé à quelque 500 mètres du palais présidentiel. La deuxième explosion, plus puissante selon des témoins, a frappé un carrefour situé à proximité, quelques minutes plus tard. «La deuxième explosion était très forte», a déclaré à l'AFP Idil Hassan, un témoin. «J'ai vu plusieurs cadavres, dont des membres des forces de sécurité».
Des témoins ont assuré qu'un haut responsable du gouvernement de la région de Banadir, qui englobe Mogadiscio, a été blessé dans la seconde explosion. «Il a été légèrement blessé, mais plusieurs de ses gardes de sécurité sont morts», a soutenu un témoin, Osman Fahiye. Le double attentat a été revendiqué par les islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, qui ont indiqué dans un communiqué avoir visé «un point de contrôle sécuritaire qui protégeait le palais présidentiel».
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de l'Amisom.
L'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Somalie avait été perpétré le 14 octobre 2017 et avait fait avec 512 morts dans le district de Hodan, un quartier commerçant très animé de Mogadiscio. Cet attentat n'avait pas été revendiqué, mais les autorités n'ont aucun doute que les shebab sont derrière cette attaque.
Directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement, Marc-Antoine Pérouse de Montclos rappelle que, contrairement à une idée reçue sur les groupes jihadistes, les shebab jouissent d’une «certaine popularité» en Somalie, grâce à un «ancrage territorial et social très fort».
«La grande force des shebab, par rapport à d’autres groupes jihadistes africains, est qu’ils sont profondément enracinés dans la population somalienne. En Occident, on imagine parfois que ces groupes terroristes sont composés de petites cellules extrêmement nocives, très mobiles, et qui seraient coupées de la société dans laquelle elles évoluent. Cela correspond peu aux réalités africaines. Les shebab ont toujours eu un ancrage territorial et social très fort, qui explique leur résilience», explique-t-il dans une récente interview accordée au journal français Libération.
Otric N.