«Nous ne dormons pas. Nous faisons de notre mieux pour qu'on publie les résultats le 6 janvier. Mais si on n'y arrive pas, à l'impossible nul n'est tenu», a déclaré Corneille Nangaa, président de la Céni. La Céni avait affirmé mardi que les résultats provisoires seraient proclamés au plus tard dimanche.
«A ce jour, au niveau des centres locaux de compilation des résultats (CLCR) (...), on est donc à 20% de ce qui doit être collecté», a-t-il précisé lors d'un point de presse peu après. «Tous les 73.000 bureaux de vote doivent être consolidés avant d'annoncer les résultats», a-t-il ajouté.
«On pensait qu'on pouvait transmettre les résultats à partir de la machine à voter pour nous aider à publier rapidement les résultats, personne n'avait voulu de cette procédure», a dit M. Nangaa à l'AFP. «Le ramassage (des procès-verbaux) ne peut pas se faire en deux jours».
Étant donné que «les machines à voter sont coupées de toute connexion», le travail de collecte des résultats électoraux se fait manuellement, a expliqué M. Nangaa. «Par moment nous payons nos propres turpitudes. Nous avions proposé une solution, on l'a refusée, maintenant il faut assumer», a-t-il conclu.
La RDC, immense territoire grand comme quatre fois la France, est dépourvue d'infrastructures routières pouvant faciliter le transfert des procès-verbaux et des bulletins des bureaux de vote jusqu'aux centres de centralisation des résultats. La veille, un responsable de la Céni avait déclaré à l'AFP qu' «en raison du comptage manuel des bulletins», l'échéance du 6 janvier pourrait être retardée, indiquant que la réflexion était engagée à l'interne.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a estimé vendredi crucial que les résultats de l'élection présidentielle du 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC) soient respectés par les autorités.
«Le respect des résultats de l'élection est crucial», a twitté M. Faki, après avoir rencontré à Addis Abeba le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union africaine en RDC (MOEUA), l'ancien président malien par interim Dioncounda Traoré. Ce dernier avait déjà prévenu mercredi que l'UA, qui a mobilisé 80 observateurs pour suivre et évaluer le processus électoral, escomptait que les résultats officiels soient «conformes au vote» des Congolais.
Les États-Unis ont aussi appelé jeudi les autorités électorales de RDC à respecter le choix des Congolais en publiant des résultats exacts, avec des menaces de sanctions. Et la puissante Église catholique, en affirmant connaître le nom du vainqueur de l'élection présidentielle, a demandé jeudi à la commission électorale de proclamer les résultats «dans le respect de la vérité et la justice».
Les élections générales ont été trois fois repoussées en RDC depuis la fin du second mandat constitutionnel de Joseph Kabila fin 2016: de décembre 2016 à décembre 2017, de décembre 2017 au 23 décembre 2018, puis du 23 au 30 décembre 2018. La RDC n'a jamais connu de passation pacifique de pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
Otric N.