C’est ce 13 novembre que Theresa May, la première ministre britannique a présenté le projet d’accord à ses collaborateurs, membres de son gouvernement.
Ce prévoit entre autres, un « filet de sécurité » destiné à éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande voisine. Le parlement britannique a l’obligation cette fois encore, de valider le texte d’application, ce qui est très loin d’être acquis.
Une question lancinante revient malgré tout, au sein de la classe bourgeoise britannique : Cette fois-ci serait-elle la bonne ? La Première ministre britannique Theresa May est aujourd’hui parvenue à un projet d’accord avec l’Union Européenne sur le Brexit. Le temps ne joue pas en faveur leur faveur. La sortie officielle du Royaume-Uni est programmée le 29 mars 2019. Et avant cette date, il est impératif que le fameux texte soit validé par le parlement britannique et les parlements des 27 pays de l’union européenne.
Theresa May est donc contrainte à une véritable course contre la montre. Après avoir réuni son conseil des ministres ce mardi, elle devra ensuite convaincre sa majorité. Pour Olivier Marty, enseignant en question européennes à Sciences Po, « il n’est pas impossible qu’elle gagne son bras de fer avec sa majorité par l’effet de surprise et en prenant appui sur un sondage récent qui montre un net retournement d’opinion en faveur du statu quo [maintien du Royaume-Uni dans l’UE]. Les jugements, parfois cruels, à son endroit seraient alors nettement modifiés. »
Les députés refusent d’apporter leur soutien à cette politique
Les parlementaires du Nord du DUP, parti allié aux Conservateurs de Theresa May, qui sont très attachés au maintien de la souveraineté britannique sur leur province ne sont pas totalement convaincus du bien-fondé de cette accord. Et pourtant, plusieurs cadres du DUP estiment que le projet d’accord qui prévoit de maintenir temporairement l’union douanière sur tout le Royaume-Uni, avec un traitement particulier pour l’Irlande du Nord – est trop nébuleux.
« Cet accord peut potentiellement aboutir à la scission du Royaume – Uni ; nous ne pouvons pas soutenir cela » a lancé le député Jeffrey Donaldson. Pour la cheffe du DUP, Arlene Foster, un accord qui « sape l’intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni » n’est « pas acceptable … ».
« On ne peut pas exclure l’hypothèse que l’Irlande du Nord finisse par quitter le Royaume-Uni pour rejoindre la République d’Irlande et donc l’UE », confirme Agnès Alexandre-Collier, professeure à l’université de Bourgogne et actuellement à la Maison française d’Oxford. Elle poursuit : « cela pourrait aussi donner des idées à l’Écosse pour réclamer à nouveau un référendum sur l’indépendance ». Un possible effet domino qui donne des sueurs froides à Londres.
Quelle est la solution la mieux adaptée ?
Les doutes s’étendent au sein même du parti majoritaire. Les partisans du Brexit craignent que l’accord n’oblige le Royaume-Uni à se plier aux règles de l’UE pendant des années et l’’empêche de véritablement couper les liens.
« En ce qui concerne la relation future, celle-ci va prendre beaucoup de temps à être négociée reconnaît Olivier Marty. Il est difficile de prévoir le scénario qui en sortira : Ce pourrait être une solution à la norvégienne, c’est-à-dire un maintien très large du Royaume-Uni au sein du marché unique ou une solution canadienne, c’est-à-dire d’un accord de libre-échange très étendu [mais sans la libre circulation par exemple ».
Dans tous les cas, l’accord final, si la période de transition est validée, ne prendra effet que fin 2020, plus de trois ans et demi après le référendum britannique. D’ici là, rien ne dit qu’il n’y aura pas encore eu un autre retournement de situation.
Nicole Ricci Minyem