Des éléments de la police économique se sont rendus, mercredi, au domicile de Jacques Ehouo afin de lui remettre une nouvelle convocation. Le vainqueur de l'élection municipale du Plateau n'était pas présent.
La question taraude les esprits de nombreuses personnes : Jacques Ehouo va-t-il accepter d’être entendu par la police économique et financière ? Convoqué une première fois le 3 janvier dans une affaire de détournements de fond présumés, le vainqueur de l’élection municipale du Plateau sous les couleurs du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, avait opposé une fin de non recevoir à l’invitation qui lui avait été adressée par cette structure.
Les recherches se poursuivent pour mettre la main sur Jacques Ehouo
Ce mercredi 9 janvier dans l’après-midi, des policiers se sont rendus à son domicile des Deux-Plateaux à Abidjan, mais aussi à celui de ses parents et de l’une de ses proches collaboratrices. Jacques Ehouo reste introuvable ; ce qui a amené les éléments de la police économique à remettre une nouvelle convocation au personnel présent à sa résidence. Daté du 9 janvier, le document est signé par le commissaire divisionnaire Ernest Bouaky.
Toutefois, d’après certaines informations, Jacques Ehouo pourrait finalement accepter d’être entendu par les enquêteurs dans les prochains jours : « La situation a évolué. Plus rien ne semble s’opposer ce que Ehouo soit auditionné. Le PDCI en a décidé ainsi », affirme un de ses proches.
Il ne s’agit pas d’une arrestation, mais plutôt d’une audition
Mardi soir, son avocat Me Claver N’dry avait assuré qu’un mandat d’arrêt a été émis contre son client. Une information démentie par le procureur de la République, Richard Adou : « Jacques Ehouo étant député, il ne peut pas être arrêté, d’autant plus que l’affaire n’est pas encore au stade l’enquête préliminaire. On ne parle ici que d’une audition, ce qui est totalement légal, afin qu’il puisse venir s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés », explique-t-il.
Jacques Ehouo est soupçonné d’avoir été l’un des acteurs d’un vaste détournement de fonds organisé par la mairie du Plateau, alors dirigée par son oncle Noël Akossi-Bendjo. Ce cadre du PDCI avait été démis de ses fonctions en août. Il vit désormais à Paris.
La commune du Plateau en Côte d'Ivoire est dirigée depuis le 1er janvier 2019 non pas par un maire élu, mais par un préfet. Une décision prise par le ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité, qui suscite de nombreuses critiques. D’autant plus que le communiqué est arrivé quelque temps après le discours de Nouvel An de Alassane Dramane Ouattara, président de ce pays. Un texte d’une page que personne n’attendait mais dont tout le monde parle aujourd’hui. Le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité Sidiki Diakité a décidé, dans un communiqué publié le 31 décembre 2018, de placer cinq communes sous tutelle préfectorale.
Interrogé à la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Sidi Touré, a laissé entendre que la décision de mettre sous tutelle la commune du Plateau était directement liée à ces soupçons. « C’est une mesure conservatoire, le temps que la justice fasse ses preuves. Le procureur a été saisi deux fois. La première fois avant les municipales, une deuxième fois après, au sujet de soupçons de mauvaise gestion de la mairie du Plateau. Installer un conseil municipal dans un tel contexte pourrait freiner l’exécution de la décision judiciaire », a-t-il déclaré.
Nicole Ricci Minyem