L’ancien président du Conseil national de transition et opposant de l'actuel président centrafricain, n’a pu s’envoler dimanche dernier alors qu’il avait prévu d’effectuer un voyage pour la France.
Son épouse et lui devaient embarquer dans un vol de Royal Air Maroc et, c’est en voulant procéder à l‘enregistrement que le commissaire de la police des frontières lui a opposé une fin de non recevoir : « Le fonctionnaire attaché à ce service m’a demandé de présenter une autorisation de sortie alors que je ne suis même pas placé sous contrôle judiciaire », a déclaré à nos confrères de Jeune Afrique Alexandre-Ferdinand Nguendet.
Et d’ajouter que « Je sais juste que j’ai été entendu par la justice dans une affaire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État qui remonte à 2017 et de l’audit de la gestion du CNT mais on ne m’a jamais notifié une interdiction de sortie ni un quelconque contrôle judiciaire… ».
Poursuivi pour détournement
Alexandre-Ferdinand Nguendet a dirigé le Conseil National de la Transition de 2013 à 2016. Suite au rapport de la Cour des comptes publié mi-août l’année suivante, il a été épinglé dans un dossier concernant la gestion du parlement centrafricain.
« Il a fait l’objet d’une poursuite judiciaire pour un détournement de près de trois milliards de F CFA. Il le savait très bien mais il a voulu quitter le pays en douce. Son placement sous contrôle judiciaire lui a bien été notifié.
Du côté de l’opposition, cette interdiction de sortie passe très mal : « C’est une décision arbitraire. Alexandre-Ferdinand Nguendet n’est pas sous contrôle judiciaire, mais fait plutôt l’objet d’une information judiciaire ouverte à son encontre. Il jouit donc de toutes ses libertés », a dénoncé Gervais Lakosso, coordonnateur du Groupe de travail de la société civile et un des leaders du mouvement politique E zingo biani.
Pour lui, « c’est un abus d’autorité dont le but est de fragiliser un adversaire politique ».
Alexandre-Ferdinand Nguendet est membre du mouvement E zingo biani, une plateforme regroupant des leaders politiques et de la société civile, opposants au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Mais pour le ministre centrafricain de la Justice, « cette affaire n’a rien de politique. C’est vraiment une affaire de droit commun ».
Réputé proche de l'ex-Séléka, Alexandre-Ferdinand Nguendet a été nommé président par intérim au Conseil National de Transition, au moment où le Président Michel Djotoda était poussé vers la sortie, accusé de ne pouvoir mettre fin au chaos que vivait la Centrafrique en 2015. Il avait été chargé de l’organisation des élections qui ont conduit à la prise de pouvoir de Catherine Samba Panza, à la tête de l’Etat.
Nicole Ricci Minyem