Des dizaines de milliers de personnes ont envahi le centre de Berlin ce samedi 13 octobre 2018 pour protester contre la haine et le racisme après les récents dérapages xénophobes dans l'est de l'Allemagne qui avaient choqué le pays.
Un peu plus de 242.000 manifestants ont répondu présent, selon le collectif #unteilbar (indivisible) qui avait dit miser sur quelque 40.000 participants. La police berlinoise quant à elle n'a pas donné de chiffres précis, parlant simplement de «quelques dizaines de milliers». Quelque 900 membres des forces de l'ordre encadraient l'événement qui s'est déroulé sans incident, a ajouté la police.
«Dites-le fort, dites-le clairement, nous sommes tous indivisibles!», ont scandé les participants en défilant sous un soleil radieux et par des températures estivales au cœur de la capitale, avant de rejoindre l'emblématique Porte de Brandebourg où une scène avait été montée, selon l’AFP. «Pas de place pour les Nazis», «le sauvetage en mer n'est pas un crime», «plus d'amour, moins de haine», figuraient notamment sur les pancartes.
Le collectif #unteilbar est composé de diverses ONG, artistes ou personnes privées. Des milliers de personnes avaient déjà manifesté dans les rues de Hambourg ou encore Munich ces dernières semaines. S'y sont joints aussi des syndicats et organisations religieuses ou caritatives.
Derrière le mot d'ordre «Pour une société libre et ouverte - contre l'exclusion, solidarité!», il s'agissait de protester en particulier contre le racisme véhiculé par l'extrême droite, entrée il y a un an à la Chambre des députés. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a bâti son succès en nourrissant les craintes des Allemands après l'afflux de plus d'un million de réfugiés entre 2015 et 2016 dans le pays.
Fin août, une manifestation de sympathisants d'extrême droite avait dégénéré en «chasse» à l'étranger dans les rues de Chemnitz juste après le meurtre d'un Allemand attribué à un réfugié. Certains avaient défilé en faisant le salut hitlérien.
Les organisateurs voulaient aussi protester contre la discrimination sous toutes ses formes, la mort des réfugiés en mer Méditerranée, la montée des inégalités et les atteintes portées à l'Etat social.
Des responsables politiques -essentiellement de gauche- ont également soutenu l'initiative, comme le populaire ministre des Affaires étrangères Heiko Maas. «Nous sommes colorés, nous sommes indivisibles. Nous le montrons aujourd'hui à tous ceux qui veulent nous diviser», avait posté le social-démocrate sur son compte twitter.
Otric N. avec AFP