Interviewé par nos confrères de franceinfo, l’homme de lois estiment qu’il s’agit d’une « mode chez les magistrats, les peines très lourdes. On envoie en prison des gens qui pourraient encore travailler… ».
Des regrets exprimés ce Mardi par Jean Veil, quelques heures après la condamnation de François Fillon à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, dans l'affaire des emplois fictifs de sa femme Penelope.
L'avocat de Marc Joulaud, ancien suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale, trouve que la prison « devrait être réservée aux gens qui sont dangereux pour la société. Les autres, on devrait les faire travailler ».
Il estime que « pour un certain nombre d'infractions, et d'infractions financières, il conviendrait de trouver des modes de sanctions qui soient différents ».
En rappel, Marc Joulaud, est devenu député en 2002 quand François Fillon a rejoint le gouvernement. Il a octroyé des salaires à Penelope Fillon comme collaboratrice, un travail « dénué de crédibilité », selon les juges. Tous deux ont été condamnés à trois ans de prison avec sursis. Comme Penelope et François Fillon, Marc Joulaud a fait appel de sa condamnation.
« Mon client est quelqu'un de timide »
Marc Joulaud a-t-il fait ce qu'on lui demandait de faire ? « Oui, sûrement », répond Jean Veil. « Mon client, qui n'avait jamais été député avant de remplacer François Fillon, est quelqu'un de relativement timide », explique l'avocat, « et c'est assez normal quand on commence un nouveau métier, une nouvelle activité, de pouvoir être rassuré, d'être guidé. Il était certain de ce que la présence de Penelope Fillon pouvait l'aider, d'une part, à connaître les gens, à l'accompagner, et tout cela était utile pour lui ».
Le rappel des sentences de François Fillon dans une retentissante affaire d’emplois fictifs qui avait fait dérailler sa campagne présidentielle en 2017
« Cinq ans de prison, dont deux ferme », c’est la décision prise ce Lundi par le tribunal correctionnel de Paris même s’il n’a pas prononcé de mandat de dépôt ; cependant, la peine est assortie du paiement d’une amende de 375.000 euros et d’une peine d’inéligibilité de dix ans.
Son épouse Penelope Fillon a été condamnée à trois ans de prison avec sursis et 375 000 euros (578 000 $ CAN) d’amende et à deux ans d’inéligibilité.
Les époux Fillon et leur co-prévenu Marc Joulaud, l’ancien suppléant de François Fillon dans le département de la Sarthe, dont il était député, ont été en outre condamnés à rembourser plus d’un million d’euros à l’Assemblée nationale.
Les époux Fillon ont fait savoir qu’ils faisaient appel de cette condamnation : «Cette décision, qui n’est pas juste, va être frappée d’appel (...), il y aura un nouveau procès», a annoncé devant la presse Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon.
Le jugement a été prononcé en dépit des demandes de la défense de rouvrir les débats, arguant de «pressions» sur l’enquête.
Donné favori à la présidentielle, le chantre de la droite conservatrice avait finalement été éliminé au premier tour, après une campagne minée par cette affaire révélée par l’hebdomadaire le Canard Enchaîné.
À 66 ans, François Fillon, retraité de la politique s’était reconverti dans la finance lorsque cette affaire de détournements de fonds pour emplois fictifs a estimé que les faits reprochés aux accusés relèvent «davantage du rôle social d’un conjoint d’élu» que d’un réel emploi d’assistant parlementaire, lequel est donc «fictif».
Nicole Ricci Minyem