« Je tiens à attirer une nouvelle fois votre attention, sur la nécessité de rationaliser les dépenses et d’améliorer leur qualité dans un contexte international marqué par la rareté des ressources financières. En effet, il m’a été malheureusement donné de constater que la qualité de la dépense publique n’a cessé de se détériorer, avec notamment une accumulation de dépenses dont la nécessité n’est pas évidente. J’en citerai quelques exemples : l’augmentation effrénée de dépense en biens et en services, l’accroissement excessif des missions, notamment à l’étranger, la multiplication des Comités et des projets inappropriés, l’accroissement abusif des subventions. Cette situation appelle des efforts de modération et de rationalisation. Je demande au Gouvernement de réduire son train de vie en bloquant les dépenses de biens et services et en réduisant drastiquement les frais de mission, les achats de véhicules et de carburant. La directive que je viens de donner permettra de dégager des ressources qui trouveront un meilleur emploi dans nos grands projets et dans l’amélioration des conditions de vie de nos populations », avait formulé en 2014 le chef de l’État, au Palais de l’Unité, s’adressant à son gouvernement.
En s’inscrivant dans l’esprit général de la modernisation d’une administration camerounaise au service de tous les citoyens et de tous les usagers, cette prescription avait visiblement pour but de mettre un accent particulier sur la lutte contre le gaspillage et la nécessité de dégager une épargne publique.
Ce combat engagé depuis des décennies tend de plus en plus à se concrétiser. Critiqué par l’opinion publique nationale de vivre plus à l’étranger qu’à l’intérieur du territoire camerounais, le président Paul Biya à commencer à briller par le bon exemple. Il y a une semaine, les journaux ont célébré ses deux cents jours passés à l’intérieur du pays sans se déplacer. Pour inculquer les mêmes habitudes aux membres du gouvernement, le Premier ministre Joseph Dion Ngute, nommé le 4 janvier 2019 lors du récent réaménagement ministériel, a signé ce vendredi 5 avril 2019, une décision qui restreint les déplacements des ministres, des directeurs généraux des sociétés d’État et autres hauts fonctionnaires de la république.
« J’ai l’honneur de vous notifier ci-joint les hautes instructions du chef de l’État prescrivant une fois de plus de réduire à l’essentiel les déplacements à l’étranger des membres du gouvernement, des directeurs généraux des sociétés d’État, des hauts fonctionnaires », peut-on lire dans la décision du chef du gouvernement Joseph Dion Ngute. Il précise cependant qu’« à l’avenir, seules les missions statutaires d’utilité publique seront autorisées ».
Pour François Gaël Mbala en revanche, les voyages devront désormais être assortis d’une autorisation délivrée par le gouvernement : « Les demandes d’autorisation de sortie du territoire en vue de la participation à des activités telles que les conférences, les séminaires, les colloques ou les remises de prix seront systématiquement rejetées, en particulier lorsque ces déplacements sont supportés par le budget de l’État ou des organismes publics concernés. Le chef du gouvernement demande de discriminer avec la plus grande rigueur les demandes d’autorisation de sortie à soumettre à sa sanction ou à celle du chef de l’État », appuie la décision signée du secrétaire général des services du Premier ministre.
L’on voit dans cette mesure, un désir de combattre le gaspillage et autre pratique qui coûtent cher à l’État.
Bossis Ebo'o