Quelquefois, l’on a même peur d’utiliser ces mots « Ateliers de couture », pour qualifier les espèces de réduits dans lesquels hommes et femmes, assis derrière des machines à coudre, sans port de masque et sans respect de la distanciation, laissent traîner des monceaux de tissus sur un sol qui semble avoir été nettoyé la dernière fois à l’époque de Mathusalem.
Ce sont ces tissus dont l’origine elle-même est douteuse, qui sont utilisés pour fabriquer les masques proposés aux Camerounais, tout simplement parce qu’il est important de tout mettre en œuvre et se faire un maximum d’argent. Une belle aubaine, étant donné que le Gouvernement a à nouveau prescrit le port des masques à cause de la pandémie.
Cet amer constat a été fait dans plusieurs ateliers de la ville aux sept collines. Morceau choisi au quartier Elig Edzoa, non loin du marché qui porte le même nom.
Un homme, d’un âge avancé a choisi la cour arrière de son domicile, pour y installer trois machines à coudre. Le local, mal éclairé contient aussi une table pour la coupe des vêtements et une autre sur laquelle les deux collaboratrices s’attèlent de temps en temps au repassage.
Malheureusement, le nommé Donfack Jean Apollinaire estime que les masques n’ont pas besoin de passer sous la chaleur d’un fer à repasser, puisque le marché sera très couru au cours des prochaines semaines.
« Ne pensez pas que nous refusons de suivre les règles d’hygiène mais, regardez vous-même le quartier, avec la poussière partout et comme les pluies ont commencé, l’on va patauger dans la boue. Quand j’achète les tissus au marché là derrière, madame les lave en utilisant le javel et le savon en poudre. On sèche et on coupe pour faire les masques ;
Les frondes se vendent dans les merceries donc, je crois qu’elles n’ont plus besoin d’un traitement spécial. Nous faisons pratiquement trois cent masques par jour, c’est ce chiffre que nous atteignons et, vous pensez que nous pouvons repasser tout ça » ?
Les doublures se font lorsqu’on y pense
Donfack Jean Apollinaire : « Il y a certains masques sur lesquels nous mettons la doublure mais sur d’autres, vraiment dans le feu de l’action et parfois à cause de la fatigue, nous oublions. Alors, ce n’est pas toujours évident… ».
C’est pratiquement le même constat fait cette fois, au niveau du quartier Manguier. Là, c’est un certain Doumetang Hilaire qui a fait de sa véranda, un atelier de couture. Bien que le sol soit recouvert d’une espèce de gerflex, la saleté y règne en maître mot.
La proximité avec certains marchés, notamment (Etoudi et Elig Edzoa) est la raison qui a amené ces « couturiers » à s’installer dans leur domicile respectif.
Le masque se vend à 200 voire 300 frs, selon l’affluence du moment et, même s’ils ne sont pas tous pris, il n’en revient pas beaucoup étant donné que des enfants de la maison les vendent à la criée.
C’est sur ces tissus que l’on s’essuie les mains, la sueur, les chaises sur lesquelles les visiteurs s’asseyent. Les gênes de microbes qui se développent dans ces locaux ne sont-ils pas pires que le Covid-19 ?
Il est donc judicieux pour les usagers qui font le choix de masques de protection non pharmaceutiques de prendre des précautions et de les laver et désinfecter au mieux avant tout usage.
Nicole Ricci Minyem