Les mariages précoces semblent être la première cause des déperditions scolaires dans cette partie du pays.
« La fille serait née pour aller en mariage et garder un foyer. Chez nous, lorsqu’une fille a plus de 14 ans et qu’elle n’est pas mariée, c’est inquiétant. Plus une fille fréquente, moins les hommes s’intéressent à elle » ,déclare Sadou Bouba Commerçant au marché central de Garoua.
C’est ainsi qu’une fillette de 12 ans peut se retrouver dans les bras d’un homme de 50 ans qui a l’âge de son grand père. Dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, les jeunes filles encore toutes innocentes sont généralement enlevées précocement et parfois par force et mariées contre leur volonté, tradition oblige.
« La plus part des parents pensent jusqu’à présent que, l’école est une dépravation des mœurs. Pour ceux là, une fille qui part à l’écolen’obéira pas à son mari car l’école détourne les filles. Ils disent que l’émancipation d’une fille qui fait de grandes études l’entraine souvent à porter le pantalon au lieu du pagne et donc pas très soumise à son époux. Or elles ont droit à l’éducation au même titre que les garçons », explique Djibrilla , délégué régional de l’éducation de base dans la région du Nord. Ce dernier poursuivra d’ailleurs en ces termes : « Les filles qui persévèrent aujourd’hui à l’école ont une bonne place dans la société camerounaise. Elles sont déjà des magistrates, sous-préfets, colonel dans l’armée, Dg d’entreprise ect… »
. Malgré les sensibilisations faites par le gouvernement, la société civile ou encore plan Cameroun, cette pratique a du mal à partir, et d’autres facteurs contribuent à l’exacerber. A titre d’illustration, l’arrondissement de Mayo Hourna dans le département de la Bénoué , Région du Nord, a au cours de l’année scolaire 2017/2018 qui , inscrits 16.211 élèves inscrits au primaire contre 2.500 au secondaire.
Selon des informations recueillies à bonne source, ce fossé entre les effectifs du primaire et du secondaire, s’explique d’abord par la « gratuité » de l’école au primaire et les frais d’inscription au niveau du secondaire, à commencer par le concours d’entrée en 6e. « Demander 10 ou 15.000Fcfa à un parent qui envoyait gratuitement son enfant à l’école primaire, s’avère être compliqué pour nous parents démunis », confesse Hamadou Moussa , parent d’élèves.
La dernière raison et non la moindre est l’inadéquation entre les capacités d’accueils des établissements enseignements secondaire et les effectifs car, dans certains endroits, il y a plus d’élèves que de salles de classe. Les moins chanceux restent au quartier à défaut des places.
« Lors de la création d’un CES par exemple, l’on l’ouvre avec 02 classes de 6e. Si cette localité compte 500 élèves au CM2, l’on ne peut pas aller à plus de 200 élèves pour les 02 salles de classe. Ceci c’est par abus car, les textes prévoient un maximum de 60 élèves par classe », précise, délégué régional des enseignements secondaires pour la région du Nord.
Félix Swaboka.