Ce lundi 12 novembre 2018, Mimi Mefo Takombo est attendue au Tribunal militaire de Douala pour répondre des faits de «propagation de fausses nouvelles, de nouvelles mensongères susceptibles de nuire aux autorités publiques ou à la cohésion nationale, d’outrage aux corps constitués et aux fonctionnaires, incitation à la révolte contre le Gouvernement et les Institutions de la République».
Ecrouée à la prison centrale de Douala du 7 novembre au soir à samedi le 10 novembre 2018, la journaliste avait relayé les propos d'une source affirmant que le missionnaire américain Charles Wesco, décédé le 30 octobre au cours d'un accrochage entre séparatistes anglophones et forces de défense camerounaises dans le Nord-Ouest, aurait été tué par des balles de l'armée régulière.
«C'est le Chef de l'Etat qui, personnellement, a décidé de l'arrêt des poursuites, dans un geste de magnanimité», a indiqué le Colonel Didier Badjeck samedi soir. «Cela ne veut pas dire, loin s'en faut, que cette journaliste est innocente», va-t-il toutefois précisé, ajoutant que Mimi Mefo «devrait par conséquent y tirer tous les enseignements en se gardant de toute récidive. Faute par elle de le faire, elle sera à nouveau interpellée sans complaisance et traduite devant les tribunaux compétents».
«Tous ceux d'entre-deux qui vont s'inscrire en marge de la loi, "se heurteront à la rigueur de la loi". Il ne sert donc à rien de récupérer cette situation et de verser dans des jactances glorifiantes et des revendications ridicules qui n'ont en rien pesé sur la décision du Chef de l'Etat qui vient tout juste de nous exhorter à la construction du projet national» a prévenu le porte-parole du Ministère de la défense.
Lors de son incarcération, l’ « Organisation Non Gouvernementale » (ONG) : « Reporters Sans Frontière » (RSF), a précisé dans une déclaration, que la couverture du conflit entre les forces de défense camerounaise et les séparatistes des régions anglophones, est une mission essentielle des journalistes, et ne constitue ni une forme de soutien, ni un acte criminel relevant des tribunaux militaires.
Dans le même document, RSF signale que « Le septième mandat du Président Paul Biya commence par l’arrestation manifestement arbitraire d’une journaliste. C’est un acte grave, en parfaite violation de l’engagement pris la veille par le chef de l’Etat, lors de sa prestation de serment, de respecter la constitution ».
Mimi Mefo qui a gagné une bataille et non la guerre, est attendue lundi prochain au Tribunal militaire de Douala pour la suite de la procédure. Mais, selon toutes vraisemblances, le gouvernement qui est le plaignant pourrait demander l’abandon des poursuites. Elle sera notamment défendue par un collectif d’avocat conduit par maître Alice Nkom.
Pour apporter le soutien à Mimi Mefo qui comparaît ce lundi 12 novembre à 9 h devant le tribunal militaire de Douala, les journalistes présents dans la ville de Douala sont appelés à se rendre au tribunal habillés en blanc.
Selon Matthieu Nathanaël Njock, secrétaire général du SNJC, cette action vise à « célébrer notre victoire avec l’annonce solennelle du Commissaire du Gouvernement de l’arrêt de toutes les poursuites contre Mimi Mefo. » Toutefois, le syndicat recommande aux journalistes d’avoir une attitude calme au tribunal et de venir surtout avec les caméras et les dictaphones.
Otric N.