Mimi Mefo, journaliste en service à Equinoxe TV, vient d'être menotée et placée sous mandat de dépôt à la prison centrale New-Bell. Il est 23h00 ce mercredi soir lorsque les portes de la prison se referment sur la présentatrice du journal sur la télévision de Douala.
On est tenté de croire qu'une cabale contre certains journalistes est en cours depuis le début des activités liées à la présidentielle de cette année. Ils sont nombreux qui sont arrêtés et embastillés en violation des règles qui régissent la profession de journaliste. Le cas Mimi Mefo est le plus illustratif de cette chasse à l'homme qui ne dit pas son nom.
Que lui reproche-t-on ?
Le crime de la journaliste, avoir relayer une information en circulation sur le site d'une agence de presse qui a pignon sur rue et dont le travail n'a jamais été remis en cause. En fait, sur son mur Facebook, la présentatrice relais une information selon laquelle la balle qui aurait tuée le pasteur américain Charles Wesco est une balle en provenance d'une arme d'un élément de l'armée camerounaise.
Convoquée ce mercredi après midi (à 14h) à la Légion de gendarmerie du Littoral. Après moins de 10 minutes d'audition, elle va être accusée de propagation de fausses nouvelles. Une infraction punissable d'une peine de prison comprise entre 06 mois et 02 ans d'emprisonnement. Rappelons que ce fut une audition au cours de laquelle elle va invoquer son droit à garder le silence.
Gardée de 14h à 21h, elle va être conduite sans explication particulière devant le Commissaire de gouvernement. Ce dernier va requalifié les faits et parle désormais d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Conséquence, le commissaire de gouvernement reconnait sa compétence et décide de mettre Mimi Mefo sous mandat de dépôt à la prison centrale de New Bell. Il est alors 23h15 précisément.
Un cas de violation de la loi ...
Or, selon Maître Alice Kom, de l'équipe des avocats de la consœur, le Cameroun a signé des conventions internationales qui interdisent que des civils soient attraits devant des tribunaux militaires. Par ailleurs, la Cour Suprême du Cameroun a rendu d'abondants arrêts allant dans ce sens. Des arguments que ne partage visiblement pas le commissaire de gouvernement près du Tribunal militaire de Douala. Maître Alice Kom dans une déclaration faite à la presse, fait savoir qu'il y a eu des discussions houleuses entre le procureur de la République et le Commissaire de gouvernement sur cette question de compétence. Et le commissaire de gouvernement a eu raison du procureur. Le procès de la journaliste Mimi Mefo est annoncé pour lundi prochain.
Deux poids, deux mesures...
Comment comprendre qu'une journaliste soit incarcérée pour propagation de fausses nouvelles même ayant cité ses sources ? Et pourtant, l'actualité des médias a montré ces derniers jours de nombreux cas de journalistes qui ont relayé de bonne foi des informations qui se sont avérées erronées. Les cas les plus patants sont Adèle Mballa de la CRTV qui en plein 20h à annoncé un faux gouvernement français, et plus récemment encore, une journaliste de la chaîne Vision4 a annoncé le décès du Président gabonais. Seulement, dans ces deux cas, en aucun moment ces journalistes n'ont été inquiété par la justice avec comme argument, la propagation de fausses nouvelles. Une situation de deux poids, deux mesures.
Stéphane Nzesseua