L’institution a acquis des terres sous le magistère de l’ancien recteur Bruno Bekolo Ebé. Les populations ont été déguerpies sans avoir été indemnisées. Au profit des personnels de l’université et autres acteurs économiques qui s’y sont installés depuis 2007.
Dans sa parution du lundi 3 décembre, le journal Repères revient sur les péripéties de cette affaire qui oppose désormais l’université de Douala à un collectif de plus de 1.000 familles. Le journal précise que l’institution est installée sur plusieurs sites. On la trouve au quartier dit «Ange Raphaël», à Logbessou et à Yabassi. L’espace occupé par l’institution en pleine ville est étroit pour engager des constructions est la principale raison de cette dispersion géo spatiale. C’est dans cette mouvance que le top management de cette université trouve judicieux d’étendre ses activités dans certaines zones qui ne sont pas très loin du campus principal.
Cap donc sur PK14 et PK17, sans oublier tout ce qui est compris partout là comme lopin de terre. Nous sommes alors en 2007. L’ancien recteur Bruno Bekolo Ebé est aux affaires. Les pouvoirs publics sont fermes. Les populations n’ont pas encore cerné les mobiles du projet. Les voilà déguerpies.
«Elles ont été surprises dans la nuit du 10 mars 2010 à 2 h du matin, plus de 5 000 hommes en tenue ont encerclé trois villages et cassé systématiquement 900 hectares, pourtant l’université avait droit à 132 hectares tel qu’indiqué dans le décret d’expropriation», gronde Jean Baptiste Bontsébé, la figure de proue des populations expropriées.
Pour lui, l’université a fraudé dans le décret du Premier ministre. D’ailleurs, «ce décret est faux dans sa forme tout comme l’arrêté du ministère des Domaines est également faux car les deux n’obéissent pas à la procédure réglementant l’expropriation pour cause d’utilité publique. Malgré qu’ils soient faux, l’article 3 de ce décret a prévu l’indemnisation des populations. Or, toute indemnisation est consécutive à un recensement préalable afin d’évaluer les biens mis en cause. Rien de cela n’a jamais été fait.»
Entre-temps, les populations elles-mêmes ont procédé à leur comptage physique. 1 000 familles sont concernées. Les mêmes ont fait recours aux services d’un cabinet d’expert en évaluation immobilière et domaniale.
Ainsi, les populations déguerpies se convainquent que l’Etat leur doit 2,3 milliards de FCFA. Il reste même une partie du terrain, donc la valeur est estimée à deux milliards de FCFA. Cependant, l’absence de titre foncier peut tout bloquer. «Qui de vous dispose d’un titre foncier ?», a demandé René Joly Assako Assako, vice-recteur chargé des enseignements, de la professionnalisation et du développement des TIC à l’université de Douala. C’était lors du sit-in organisé par les populations de PK14 à PK17 à l’entrée principale du campus.
Une question restée sans réponse. Et l’universitaire de poursuivre : «Expropriation veut dire enlever la propriété. La chose qui confère la propriété est le titre foncier. Lorsque vous l’avez, il faut donc évaluer, cela aboutit à un chiffre pour votre indemnisation. C’est ce que dit l’ordonnance de 1974, qui veut que tous les terrains soient immatriculés, ceux qui ne le sont pas rentrent dans le domaine public.» Un argument qui passe difficilement. Les deux parties ont programmé se retrouver le 12 décembre pour une séance de travail qui pourrait aboutir sur la mise sur pied d’une commission. «Nous espérons que cette fois sera la bonne. Nous avions saisi le recteur François Xavier Etoa quelque temps après son installation, il nous avait donné trois mois pour régler ce différend. Voilà déjà deux ans que nous l’attendons», soupire Jean Baptiste Bontsébé.
Otric N.