Alors que les populations ont pris goût à leur vie dans cette partie que le Cameroun et le Nigéria partagent comme frontière, partageant les mêmes réalités, l’explosion d’une embarcation ce mercredi est venue leur rappeler les souvenirs qu’ils s’attèlent au quotidien à oublier.
C’est un véritable vent de terreur qui a submergé ces personnes qui, pour certains vivent encore avec des séquelles de la période pendant laquelle camerounais et nigérians se disputaient la paternité ainsi que le contrôle du Lac Tchad. Certains ont même cru à une attaque des terroristes de l’ambazonie et, les enquêtes ont été ouvertes pour déterminer les causes exactes de cet « accident ».
L’explosion s’est produite sur un bateau à moteur, à l’embouchure du Wharf de l’Idenau. L’embarcation, de taille moyenne venait, selon quelques informations recueillies auprès des témoins, venait à peine d’être ravitaillé en essence. La cause de cette explosion n’est pas encore connue et fort heureusement, on ne déplore aucune en vies humaine mais, de nombreux blessés. L’alarme a été donnée quelques minutes après l’explosion et, l’on a vu arriver des éléments des forces de maintien et de sécurité, pendant que les personnes qui se trouvaient sur le site s’en allaient en courant, dans un « sauve qui peut » indescriptible.
Barrages contre la pollution
Après le retour au calme, les éléments du bataillon d’intervention rapide, pour éviter tout risque de pollution aux hydrocarbures, ont installé des barrages flottants autour du site alors que l’embarcation s’enfonçait au fond des eaux. Pour l’instant, l’on ne peut déterminer les dégâts matériels causés par cet « accident ». Idenau est une ville du Cameroun, située dans la région du Sud-Ouest et le département du Fako. Elle fait partie de la commune de West Coast.
Avant que ne s’installe l’insécurité dans cette région, les populations résidents de cette localité y sont installés depuis l’époque précoloniale, le lac Tchad appelé Koura (grand) par les Kanouri, constitue un enjeu géopolitique majeur. Il constitue un véritable rempart à l’avancée du désert saharien, malgré la diminution progressive de sa surface. Dans ce contexte, le lac Tchad fait l’objet d’âpres disputes qui remonteraient aux XIIIe-XIVe siècles.
A la fin des années 1970 et au début des années 1980, une sécheresse permanente ravage tout le Sahel africain. Outre de nombreuses morts, on constate que des milliers de personnes migrent d’une région à une autre, en dépit des frontières interétatiques existantes. C’est dans ce contexte de crise que des populations nigérianes se mettent à occuper certaines îles camerounaises surgies à la suite de l’assèchement du lac Tchad. Peu après, l’administration nigériane du Borno State, appuie cette occupation en y établissant sa domination sur des territoires qui, théoriquement, se trouvent en terre camerounaise. Chose curieuse, l’installation nigériane ne semble pas être considérée comme étrangère. En effet, au moment où les deux Etats revendiquent certaines îles du lac Tchad, des populations d’origines diverses (camerounaises, nigérianes, maliennes, tchadiennes, centrafricaines …), liées par l’exploitation des ressources du lac, notamment le poisson, y vivent en paix.
Nicole Ricci Minyem