C’est ce qui ressort des études menées au cours des dernières années par des spécialistes de ce domaine qui affirment que 67% des camerounais vivent dans des bidonvilles et mauvais bâtiments.
Par ailleurs,
La grande majorité recoure à des « techniciens du quartier » ou à la main d'œuvre familiale qui a une maîtrise approximative des normes de construction, ce d’autant plus qu’ils s'installent dans les villes avec « les moyens de bord » et en dehors de toute réglementation.
Ils se lancent dès lors dans des travaux de construction, sans avoir les moyens de leurs ambitions en confiant les chantiers à des acteurs du circuit non réglementé qui maîtrisent à peine les règles de base.
« L' inexistence ou le laxisme d'un cadre normatif des produits et des activités entrant dans le secteur du bâtiment, le faible pouvoir d'achat des populations et surtout le peu de sensibilisation sur les questions de normes et de qualité ont ouvert des brèches aux aventuriers, aussi bien au niveau local que des entreprises étrangères qui prennent le contrôle du secteur des constructions au Cameroun », déplorent les spécialistes de l'habitat.
Ces derniers ajoutent que : « La réalisation des études, l'approvisionnement en matériaux (bois, terre), le recrutement et la rémunération de la main-d’œuvre sans oublier les modes de financement, sortent généralement du cadre normatif et se font sur la base de l'épargne personnelle et la tontine (50 à 60%) ».
Au Cameroun, l'auto construction est la règle.
Des études réalisées respectivement par le Ministère du Développement Urbain et de l'Habitat (Minduh) (1990) et par Pettang (1993), indiquaient déjà que plus de 90% de logements à Yaoundé sont « auto construits ».
Ce qui signifie que 800 000 habitants de la capitale politique n'ont pas recouru à quelques experts en bâtiment. Deux ans plus tôt, les rapports Nzemen (1998) et Mouafo (1986) montraient que 1 200 000 habitants de Douala, ont construit eux-mêmes leurs logements, soit plus de 80% de la population logée.
C’est dire que la construction de ces logements n'obéit guère aux textes encadrant l'activité du bâtiment, à l’instar des avis techniques, les documents techniques unifiés, les règles de calcul et de dimensionnement des ouvrages, le code de construction et de l'habitation, les règlements de sécurité et incendie…
La répartition de la main-d’œuvre suivant les corps de métiers, met en évidence la médiocre qualification de celle-ci.
D’après les résultats dune enquête menée sur différents chantiers à Douala et à Yaoundé, 40% des acteurs seulement peuvent justifier dune technicité partielle, les fouilleurs et les manœuvres n'ayant en général aucune qualification.
Une situation favorisée tant par la faiblesse des revenus que par l’inadéquation de l'éducation : de nombreux jeunes ont en effet abandonné leurs études d’enseignement général pour s’insérer dans la vie active, conjoncture oblige.
La main-d’œuvre ayant moins de 20 ans est ainsi celle qui possède le moins de qualification (56% des manœuvres et fouilleurs).
Pour ces jeunes ouvriers âgés entre 20 et 30 ans, la formation s'acquiert essentiellement sur le tas. La main-d’œuvre du secteur informel dans le domaine du Bâtiment et des travaux publics (Btp) se recrute à 80% parmi les illettrés (21%) et les anciens élèves du primaire et du secondaire (53,3%) dont les études ayant été arrêtées.
Les diplômés de l'enseignement technique sont peu nombreux (13,5%) mais ils assurent l’ossature technique de l’exécution des chantiers ainsi que la formation sur le tas des autres acteurs. Tout ceci est à l'origine de nombreux accidents observés sur les chantiers ou dans des bâtiments mal édifiés, la détérioration précoce des ouvrages, les multiples nuisances non prévues, et d' interminables procès aussi bien pour le « technicien » que pour le donneur d' ordre (maître d' ouvrage).
34,2% des ménages occupent des logements construits en matériaux essentiellement durables et 46% vivent dans des logements construits en combinant les matériaux durables et les matériaux précaires. 56,1% des ménages en milieu urbain occupent un logement construit en matériaux durables ;
- un ménage sur deux s’éclaire à l’aide du courant électrique (80,7% des ménages urbains contre 16,4% des ménages ruraux) ;
- 47,3% de la population ont accès à une source d’eau de boisson salubre (ce chiffre incluse les forages les bornes fontaines, les puits aménagés, les sources) ;
- la latrine est le type de lieu d’aisance le plus répandu ;
- 65% des ménages sont propriétaires de leur logement (contre 74% en 1987). La proportion est de 47% en milieu urbain où 45,3% des ménages sont locataires ;
- 44,8% des maisons d’habitation sont implantées sur des sites à risque ;
- en milieu urbain, près de 50% des ménages vivent dans un logement de bas standing et 29,0% vivent dans des logements de standing moyen ;
- en milieu urbain, la proportion de ménages avec une forte densité d’occupation (plus de 3 personnes par chambre) est de 16,7% (contre 15,5% en milieu rural).
Ces statistiques qui sont très importantes, font ressortir les disparités entre les régions, ou selon qu’on se trouve en milieu urbain ou rural.
N.R.M