La réunion sur les migrations en Afrique centrale s’ouvre ce lundi à Yaoundé. Cette rencontre organisée par la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale CEAC a pour objectif général de contribuer au renforcement de l’intégration régionale en Afrique centrale à travers l’amélioration des capacités de gestion des flux migratoires et cela en perfectionnant les capacités de recherche du secrétariat général de la CEAC dans l’optique d’améliorer la situation des migrations et le renforcement des relations migration-développement.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a un important flux de migration dans les Etats de l’Afrique Centrale. Même s’il faut reconnaitre que ce n’est pas la même chose que le flux des migrations constatées en Afrique de l’ouest. La principale cause des migrations dans les pays de l’Afrique centrale a toujours été les situations sécuritaires précaires dans ces Etats. Les conflits dans divers pays sont à l’origine de millions de déplacés à l’intérieur du pays et même hors desdits Etats. Les rwandais migrants pour le Congo Démocratique, les congolais dans leur pays fuyant les zones de conflits, les camerounais qui vont au Gabon et en Guinée Equatoriale, les centrafricains qui fuient les conflits dans leurs Etats. 80% des migrations sur le continent noir sont intra-africaines.
Les migrations en Afrique Centrale prennent également en compte ceux des citoyens de ces pays qui quittent la sous-région pour l’occident ou pour l’Asie. Seulement, il faut reconnaitre que ces migrations causent un certain nombre de problèmes qu’il faut résorber. Notamment, des pertes relatives aux ressources humaines particulièrement celles hautement qualifiées. Cette « fuite de cerveaux » et bras forts renforcent les inégalités du point de vue développement entre le Cameroun au profit des pays industrialisés à savoir : la France, l’Allemagne, l’Italie et les Etats-Unis principaux pays d’accueil. Des pertes fiscales dues au départ des travailleurs qualifiés. Elles se composent de deux éléments essentiels : les impôts et taxes qu’auraient pu reverser les migrants au trésor public ainsi que la perte du rendement de l’investissement gouvernemental dans le capital humain de ces derniers à travers des subventions liées à l’éducation et la formation. Il convient de mentionner que les subventions allouées par l’Etat sont d’autant plus importantes s’agissant des études supérieures que celles du primaire ou du secondaire. L’on peut donc comprendre l’incidence d’une immigration non maîtrisée sur la croissance et la productivité.
Selon le rapport de l’Ordre des Médecins du Cameroun, en prenant 2009 comme point de départ, 4200 médecins en majorité spécialistes exercent à l’étranger particulièrement en France et 800 au Cameroun. Ce qui signifie que, l’on compte 1 médecin pour 10 000 à 20 000 habitants pour les grandes villes et 1 pour 40 000 à 50 000 habitants pour les zones reculées. Ce même rapport stipule que, en considérant toujours l’année 2009 comme an 0, le Cameroun connaît le départ de 20 000 professionnels de santé (infirmiers et médecins toute spécialité confondue) par an. Il faut stopper l’hémorragie.
Stéphane NZESSEU