Les jeux de hasard dans la ville de Ngaoundéré occupent de plus en plus les jeunes. Entre les paris sur les courses de chevaux, de chiens, et autres rencontres de football, tout y passe au point d’en faire des inconditionnels.Les jeunes dans la ville de Ngaoundéré, comme leurs pairs de la plupart de nos grandes villes, font face au problème de manque d’emploi. N’ayant aucune activité génératrice de revenus, certains n’ont pas trouvé mieux que de se rabattre sur ces jeux qui, loin de constituer une probable voie de sortie de leur état de désœuvrement, les rendent plutôt dépendants.
Selon Boubakary, jeune rencontré à l’entrée d’une salle de jeu à Ngaoundéré, «nous n’avons pas de boulot, c’est pour cela que je divise l’argent du petit déjeuner que maman me donne en deux parties pour parier espérant décrocher le gros lot un jour». Ce genre d’explication n’est pas le seul apanage de Boubakary. Ils sont nombreux ces jeunes dans la ville de Ngaoundéré qui comptent sur les jeux de hasard pour voir leur vie changer.
A côté de ceux qui voient en ces loteries une manière de chercher à «gagner» leur vie, il existe des jeunes qui sont très loin de cette réalité. Pour ceux-là, la vie ne peut se gagner avec les réalités qui se passent à des milliers de kilomètres du Cameroun. «Même en cas de pluie, je ne peux m’abriter dans une salle de jeux. C’est généralement les brigands qui se retrouvent là-dedans», lâche un jeune visiblement «ennemis de ces lieux».
D’autres pensent plus à l’avenir lorsque la question des jeux de hasard est abordée. Ils estiment que «la jeunesse doit prendre ses responsabilités» en cherchant les opportunités auprès du Fond National de l’Emploi et les délégations de la jeunesse, de l’agriculture, de l’élevage, qui offrent la possibilité aux jeunes de devenir leurs propres patrons, au lieu de compter sur les jeux de hasard.
«Dans les différents centres multifonctionnels de promotion des jeunes (CMPJ), des facilités de formation qualifiante existent mais peu de jeunes viennent se renseigner sur les possibilités pour en bénéficier», s’étonne Teiki, Cadre au CMPJ de Ngaoundéré 3è.
Interrogés sur l’âge requis pour l’accès dans les salles de jeux, les gérants avancent l’âge de 18 ans. Pourtant parmi les parieurs, il existe bel et bien des jeunes de moins de 15 ans. Toute chose qui amène à s’interroger sur les dispositions réglementaires en matière d’ouverture et de fonctionnement de ces structures. Au vu de leurs emplacements –très souvent dans des quartiers enclavés–, le doute plane sur leur enregistrement au fichier de l’Etat.
Les conséquences qui découlent de ces jeux de hasard sont nombreuses, notamment la délinquance, les actes de banditisme. Certains élèves et étudiants accrocs de ces lieux utilisent parfois les frais de scolarité dans les paris, avec pour corolaire la non-participation aux évaluations. Ceux-ci finissent parfois par abandonner les études.
En attendant de trouver les moyens de lutte contre les jeux de hasard et la réglementation de l’accès de ceux-ci aux mineurs tels que le recommande l’article 249-7 du code pénal, les adeptes et les propriétaires des salles de jeux continuent de détourner pas mal de jeunes en manquent de repère dans la région de l’Adamaoua.