Le Directeur de Publication Magnus Biaga dans son dernier éditorial annonce le départ en congé de la rédaction du Quotidien EMERGENCE et dresse le bilan élogieux de l’un meilleur quotidien sur la place camerounaise.
Vous tenez entre les mains le dernier numéro de l’année 2019 de votre journal. Comme tout travail mérite un repos, le quotidien Emergence marquera dès ce jour une pause. Après un an d’efforts non-stop, un arrêt s’impose. Avant cela, et comme il est de tradition à l’approche de la fin d’un millésime, c’est l’heure du bilan. Pour nous, l’année qui s’achève a été marquée par beaucoup de faits positifs. Premièrement, nous avons réussi à tenir le pari du bilinguisme engagé depuis la fin de l’année 2017. Nous sommes le premier quotidien privé bilingue du pays. Nous avons aussi gagné le pari de rester à la fois professionnels et sérieux. 2019 tire ainsi sa révérence, sans que nous ayons enregistré un seul droit de réponse et pourtant, nous avons publié tout au long de l’année de nombreux scoops. Certes, comme tout organe de presse, il y a le souci de diffuser les informations le plus rapidement possible, mais surtout, il a toujours existé au sein de votre journal un souci de vérification préalable desdites informations, ce, afin de livrer à nos lecteurs et abonnés une information vraie, juste, vérifiée et vérifiable. Le journal étant une arme, celle-ci ne peut être dégainée que dans le sens de la construction. Ce, conformément à notre crédo : « l’information pour l’action et le développement ». L’année 2019 aura été à tout point de vue une année d’accomplissement professionnel pour votre journal, dans la lignée des années précédentes. Une fois de plus, nous avons, grâce à vous, tenu le pari tous les jours d’être le plus proche possible de l’actualité, de servir à notre lectorat une information potable, des analyses et des commentaires de qualité. Tout ceci, dans un contexte extrêmement difficile pour la presse qui se meurt, abandonnée à elle-même.
Et, justement à ce propos, nous avons également connu d’énormes difficultés. Si le contexte financier n’est pas du tout propice à la prospérité de la presse, d’autres aléas sont venus s’ajouter à ceci, notamment les questions liées à la disponibilité constante de l’énergie électrique. A ce sujet, Eneo nous en a souvent fait baver. Les délestages et autres problèmes techniques imputables à l’entreprise en charge de la distribution de l’énergie électrique, nous ont parfois plongés dans un profond désarroi. Qu’à cela ne tienne, nous avons tenu la barque car, comme on le dit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Le quotidien bilingue Emergence, chaque année qui passe, grandit davantage et le feedback issu des lecteurs, des chancelleries et des hautes sphères de l’Etat nous édifie davantage dans ce sens. Il est question pour nous d’être au service du public. Nous avons donc créé un journal de journalistes, sans aucun lien de dépendance à des intérêts financiers, industriels ou politiques. Tout en nous efforçant d'illustrer la dignité de notre métier par la qualité, l'originalité et l'audace de nos contenus, nous avons cherché à inventer une réponse crédible au renversement des vieux modèles de presse.
Nous sommes conscients de la tâche qui est la nôtre. Bien qu’elle soit ardue, nous n’allons pas baisser les bras. A ce propos, nous savons que notre ligne éditoriale détonne dans le paysage médiatique camerounais. Journal à tonalité toute singulière et particulière, Emergence, en se donnant à lire dans sa densité de ses lignes, se dresse alors comme un journal d’enquêtes et d’analyses de référence. Au risque de heurter certains adeptes de formalismes informationnels, les rédacteurs ont opté pour un journalisme plus engagé et non pour les informations générales tout en respectant les canons universels et les fourches caudines de ce beau métier de Théophraste. Sans verser dans la polémique stérile. Une particularité qui parfois nous met en porte-à-faux avec les tenants du tout est beau dans le meilleur des mondes. Mais nous avons refusé la compromission. Parce que, tout en restant critique, nous militons pour une critique constructive. Car, notre ambition première est de batailler pour l’érection d’un autre Cameroun. Et, dans cette perspective, lorsqu’on observe le niveau de prévarication, de faux, de corruption ; le niveau de pourrissement de notre société, nous ne pouvons que conclure à l’immensité de notre tâche. Voilà pourquoi nous sommes susceptibles de recevoir des flèches de la part de nos pourfendeurs, mais nous tiendrons car la vie d’un journal ne saurait être un long fleuve tranquille.
Ceci étant, à l’heure où nous apprêtons à raccrocher nos stylos le temps d’une pause, nous ne pouvons nous empêcher de fondre en remerciements, d’abord vis-à-vis de nos lecteurs que vous êtes, vous pour qui nous nous levons chaque matin pour affronter les défis de notre profession. Malgré les difficultés, les coupures intempestives d’énergie, vous avez toujours été là. Et, le degré de votre accompagnement se mesure aussi via les ventes réalisées par notre journal, qui n’ont cessé au cours de cette année d’être croissantes.
Comment ne pas réserver des remerciements particuliers à nos experts ? Ceux-là qui sont régulièrement consultés pour nous édifier grâce à leur intelligence sur les grandes problématiques de l’heure. De même, nous remercions tout spécialement ceux-là qui, chaque vendredi, dans notre édition magazine, prennent le temps de répondre à notre questionnaire de la semaine, une tradition instaurée par le quotidien Emergence qui fait déjà des émules. Ils sacrifient de leur temps pour édifier les lecteurs.
C’est également l’occasion de marquer notre reconnaissance à l’égard de nos abonnés, aussi bien les particuliers que les différentes administrations qui croient en notre projet. Leur soutien nous est nécessaire.
Nous remercions aussi toute l’équipe rédactionnelle du quotidien Emergence, qui se tue à la tâche pour pouvoir livrer un journal de qualité. Dans ce sillage, on pense aussi à l’équipe technique, au personnel d’appui ; aux anonymes qui n’ont de cesse de nous appeler, et à tous ceux qui contribuent au rayonnement du journal.
Enfin, nous voulons en appeler à la responsabilité de l’Etat quant au devenir de la presse ; cette presse qui remplit une mission de service public, mais, qui est la mal aimée. Même si l’on sait que le gouvernement ne veut pas d’une presse forte, il est temps de s’inspirer de ce qui se fait de mieux par des Etats Africains vis-à-vis de leur presse respective, pour soutenir les médias camerounais. Mettre fin au système de deux poids deux mesures qui a pignon sur rue et qui n’est adossé sur aucune logique, pour un véritable mécanisme d’accompagnement. Sans une presse forte, la société est dépourvue du phare qui l’aiguillonne.
Bonnes et heureuses fêtes de fin d’année à tous.
DP, Biaga Chienku Magnus