Les championnats de vacances organisés un peu partout dans la région de l’Adamaoua se transforment en un lieu propice de propagande des partis politiques. Progressivement, les enjeux emportent sur le jeu, et tous les coups sont permis.Elle est loin, bien loin derrière nous cette époque où les sports pendant les trêves scolaires et académiques ont cessé d’être cette plateforme de brassage et de divertissement des jeunes. De nos jours, ces moments d’occupation des jeunes pendant les vacances ont un nouveau rôle, celui de servir de tremplin pour des manœuvres politiques.
Dans la région de l’Adamaoua, de nombreux championnats de vacances sont organisés. Dans la seule ville de Ngaoundéré, c’est plus de cinq championnats qui se jouent en ce temps de vacances. Au départ, ce sont des simples citoyens soucieux des dérives observées en milieu jeune pendant ce temps libre, où cahiers, cartables et livres sont rangés, qui les organisaient. De nos jours, de nouveaux acteurs sont entrés dans le jeu: les hommes politiques.
En ces temps de pré-campagne électorale, chaque voulant conserver et consolider ses acquis auprès du Chef de l’Etat est prêt à mettre la main à la pâte, comme témoigne un joueur d’un club: «le député est venu rencontrer le chef du quartier afin de financer la participation des jeunes du quartier au championnat des vacances. Il va supporter toutes les charges, mais la seule condition, c’est qu’on soit prêt à voter pour son parti politique». Comme ce témoignage, il existe plusieurs cas similaires.
Plus grave encore, les championnats qui jadis portaient les noms de promoteurs, des personnes anonymes, sont désormais remplacées par les noms des élites, comme le souligne un promoteur dans le département de la Vina: «Quand nous mettons le nom du député ou du sénateur, les retombés sont énormes, car il peut mettre à la disposition des jeunes le nécessaire pour leur épanouissement. C’est aussi une occasion de lui faire honneur et de montrer à la hiérarchie du parti qu’il œuvre au bien-être de sa base militante». Ce qui justifie la présence des équipes de propagande du parti lors des rencontres.
Seulement, dans cette «imposture», certains jeunes mieux avisés et éclairés se posent des questions quant à l’opportunité de venir juste soutenir un championnat et repartir pour réapparaître lors des prochaines consultations électorales ou lors de la visite d’une autorité dans la ville. Ce que certains appellent «faire de la politique sans projet».
Loin des organisations des meetings populaires où les jeunes jouent la carte de mobilisation, les championnats de vacances dans la région de l’Adamaoua se transforment progressivement en un lieu de manœuvre politicienne, même si sur le terrain, le bilan des élus laisse à désirer.
En attendant la fin des championnats des vacances dans la région avec leurs corolaires, notamment l’infiltration des hommes politiques, les joueurs continuent d’être «dragués» par des élites politiques qui ont besoin de la jeunesse vacancière pour se maintenir à leur poste.