La Cour pénale internationale (CPI) se prononcera mardi prochain sur la demande d'acquittement et de mise en liberté provisoire de l'ancien président de la Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo, jugé pour des crimes contre l'humanité.
«La CPI rendra ses décisions sur les demandes de mise en liberté provisoire et les demandes d'acquittement le 15 janvier 2019», a déclaré la Cour mercredi dans un communiqué relayé par l’AFP.
- Gbagbo, 73 ans, est en détention depuis sept ans à La Haye, où siège la CPI. Premier ancien chef d'Etat à avoir été remis à la Cour, il est jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts en Côte d'Ivoire.
Laurent Gbagbo est accusé, ainsi que Charles Blé Goudé, ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l'ancien président, de quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Tous deux ont plaidé non coupable.
Après plus de deux ans de procès, les avocats des deux hommes ont demandé un non-lieu total en octobre dernier, estimant «insuffisants» les éléments de l'accusation pour prouver les charges «au-delà de tout doute raisonnable». La défense a affirmé en novembre que le procès reposait sur une «déformation de l'histoire» et que les procureurs avaient déformé les faits concernant les violences en Côte d'Ivoire.
Les avocats ont déposé une demande distincte demandant la libération sous caution si le procès devait se poursuivre. Lors d'une audience sur cette demande en décembre, ils ont argué que l'ancien président, «âgé et fragile», ne poserait aucun risque de fuite. Les juges de la CPI ont rejeté en avril une autre demande de mise en liberté sous caution de Laurent Gbagbo.
Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu pour un mandat de cinq ans en 2000, face à Robert Guéï, à la présidence de la République de Côte d'Ivoire, fonction qu'il occupe du 26 octobre 2000 au 4 décembre 2010 (jusqu'au 11 avril 2011 selon ses partisans). Son mandat est notamment marqué pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui coupe le pays en deux.
L'élection présidentielle de 2010, qu'il a repoussée à six reprises, l'oppose à Alassane Ouattara : à l'issue de ce scrutin, il est considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il refuse alors de quitter le pouvoir, ce qui entraîne une crise de plusieurs mois. Il est finalement arrêté par les forces rebelles d'Alassane Ouattara avec l'appui de la France le 11 avril 2011 et incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye depuis le 30 novembre 2011.
Les violences en Côte d'Ivoire ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois, entre décembre 2010 et avril 2011, durant une crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle.
Certaines zones du pays premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l'Afrique de l'Ouest, avaient été transformées en champ de bataille.
Otric N.