La 2ème édition du forum sur la langue et la culture Kéra s’est ouverte ce jeudi 28 février 2019 à l’Ecole Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général de Yagoua. Il était question au cours de ce forum qui s’achève le 02 mars prochain de discuter sur les stratégies de préservation et de sauvegarde du patrimoine culturel de ce peuple.
La ville de Yagoua dans le département de Mayo- Danay dans l’Extrême -Nord du Cameroun, rythme depuis deux jours, au forum de la langue et la culture Kéra. Peuple à cheval entre le Cameroun et le Tchad, les Kéra constituent un peuple de plus de 25. 000 âmes reparties sur l’ensemble de ces 2 pays de la sous-région Afrique centrale. Faisant partie des peuples dits « trait-d’union », les fils et filles de cette communauté se retrouvent pour la 2ème fois pour penser la sauvegarde de son patrimoine culturel face aux mouvements de l’assimilation qui rattache ce peuple à ses voisins Toupouri et Massa.
Dans ses mots de bienvenue, le président du comité d’organisation, Hassana Patrice invite ses frères à promouvoir la culture Kéra partout où ils se retrouvent.
‘’Soyons fiers d’être ce que nous sommes. Si nous ne nous valorisons pas, personne d’autre ne le fera à notre place’’, a-t-il indiqué.
Dans la leçon inaugurale, le Professeur Ndjonka Dieudonné a mis l’accent sur la cohabitation entre Kéra et peuples voisins pour dire que les Kéra doivent se battre pour préserver leur langue. Selon lui, de nombreux termes utilisés par les Toupouri sont issus des Kéra qui sont les ascendants de ceux-ci et dont le poids est considérable dans la désignation du Wan Doré, chef supérieur commun aux Kéra et Toupouri.
Les thèmes de réflexion qui ont suivi ont permis d’édifier l’assistance sur divers thèmes, notamment la lutte traditionnelle, qui, selon la communication de Awassadou Gomna peut-être une source importante de revenus et d’attraits des touristes si valorisée.
‘’La lutte traditionnelle, codifiée comme c’est le cas au Sénégal, représente une source de revenus tant pour les athlètes que pour les populations hôtes qui vont accueillir les compétitions qui seront organisées à cet effet.
Dans ce vent de mondialisation de plus en plus accrue, la préservation et la sauvegarde de la langue, principal élément de la culture est une voie royale pour sauver la culture vouée à l’occidentalisation à outrance des cultures africaines.
L’histoire du peuple Kéra remonte au XVe siècle avec la dernière vague des mouvements migratoires pré-barguirmiens. C’est un peuple nilotique qui, sous l’impulsion des pressions migratoires, a traversé le Chari et le Logone devant les Massa et les Musgum, pour se retrouver autour des lacs Fianga et Tikem.
Tous ces trois peuples formaient la famille tchadique sud, et c’était le deuxième mouvement migratoire après les paléo-soudanais composés des Guidar, Guiziga, Mufu, Kapsiki, Mafa et Wandala qui composaient la famille tchadique centre. Le peuple Kéra fut rejoint au XVIIe siècle à l’Est du lac Fianga par les Mousey et à l’Ouest au bord du lac Tikem par les Toupouri venus du sud sous les mouvements migratoires d’Est en Ouest des Sara, Ngambay et Laka.